Président de la branche locale de l’Association chrétienne du Nigeria (CAN), il avait été emmené par des inconnus armés qui réclamaient une rançon de quelque 50’000 US dollars, selon l’organisation.
Le commissaire de police Bola Longe, du commandement de l’Etat de Nasarawa, dit ne pas avoir eu connaissance du paiement d’une rançon. Il a attribué le sauvetage du président de la CAN aux informations dont disposait le commandement de la police.
La CAN craignait que ce nouveau rapt ne fût le fait des terroristes de Boko Haram, un groupe d’inspiration salafiste, qui, en janvier dernier, avait tué un autre leader religieux de l’association. Le pasteur Lawan Andimi, président de l’Association chrétienne du Nigeria (CAN) dans l’Etat d’Adamawa, au nord-est du pays, avait été tué parce que la communauté chrétienne locale n’avait pas l’argent pour payer la rançon exigée. De plus, selon certaines sources, le pasteur Andimi aurait refusé de renoncer à sa foi en Christ. Il était apparu dans une vidéo demandant une rançon pour sa libération. Il avait ensuite été exécuté par ses ravisseurs.
L’enlèvement de Joseph Masin n’est que le dernier d’une série d’enlèvements pour extorsion contre des chefs religieux chrétiens au Nigeria qui se sont multipliés ces deux dernières années. En janvier 2020, quatre séminaristes catholiques ont été enlevés au Grand Séminaire du Bon Pasteur à Kakau, dans l’Etat nigérian de Kaduna. Parmi eux se trouvait Michael Nnadi, que les terroristes ont exécuté, tandis que les trois autres étaient libérés.
Ces dernières attaques ne font qu’aggraver le sentiment d’insécurité parmi les chrétiens du Nigeria, cibles d’agressions et de meurtres de la part des islamistes de Boko Haram, de simples bandits ainsi que de bergers peuls (ou fulanis) qui s’en prennent aux agriculteurs chrétiens. Même l’urgence de la pandémie de coronavirus n’a pas arrêté l’action des groupes terroristes islamiques qui – selon les médias locaux – ont attaqué ces derniers jours plusieurs villages de l’Etat de Borno, détruisant environ 90 maisons et une église.
Au cours des deux dernières années, les enlèvements de prêtres et de religieux à des fins d’extorsion se sont multipliés dans plusieurs Etats nigérians. En 2019, neuf prêtres ont été kidnappés dans le seul Etat d’Enugu, dans le sud du pays, et deux autres dans l’Etat d’Ondo, dans le sud-ouest. Dans la plupart des cas, les otages sont libérés, mais certains ont été tués, comme le Père Clement Rapuluchukwu Ugwu, tué l’année dernière par ses ravisseurs dans l’Etat d’Enugu.
Le dernier rapport annuel de l’ONG chrétienne évangélique «Portes ouvertes» sur la persécution des chrétiens dans le monde classe le Nigeria à la 12e place. De plus, en avril 2020, le pays a été inclus dans la liste des «pays particulièrement préoccupants» (CPC) par la Commission des Etats-Unis sur la liberté religieuse internationale (USCIRF). Cet organisme fédéral bipartisan, fondé d’après la Loi sur la liberté religieuse internationale (IRFA), a pour but de surveiller la situation de la liberté religieuse dans le monde et de désigner les Etats qui violent le plus ouvertement cette liberté fondamentale.
Les statistiques les plus récentes parlent d’au moins 6’000 chrétiens tués depuis 2015 au Nigeria. En janvier, le Parlement européen a approuvé une résolution condamnant les attaques terroristes perpétrées par les groupes djihadistes et la stratégie «ta terre ou ton sang» des combattants peuls et a déploré la discrimination dont souffrent les chrétiens dans les régions où la loi islamique est appliquée.
Les milieux d’Eglise au Nigeria considèrent que les enlèvements, les extorsions et les meurtres incessants de chrétiens et de Nigérians innocents sont «une honte pour le gouvernement» du pays qui n’hésite pas à se vanter à chaque fois d’avoir vaincu l’insurrection de Boko Haram. (cath.ch/po/christianpost/be)
Jacques Berset
Portail catholique suisse
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