Evêque de La Rochelle et Saintes, Mgr Georges Colomb réagit à la prochaine béatification de Pauline Jaricot (1799-1862), à l’origine des Oeuvres pontificales missionnaires toujours en activité. Le 26 mai 2020, le Vatican a annoncé la reconnaissance d’un miracle attribué à la laïque lyonnaise, ouvrant ainsi la voie à sa béatification.
Que représente la béatification de Pauline Jaricot pour les Oeuvres pontificales missionnaires et pour toute l’Eglise?
Mgr Georges Colomb: c’est une grande joie pour toute l’Eglise, bien entendu, mais tout spécialement pour les OPM et pour le diocèse de Lyon. Cette jeune femme a connu un grand tournant lors du Carême 1816, lors d’une prédication d’un prêtre sur la vanité des jeunes filles. Ce sermon l’a beaucoup fait réfléchir sur sa vie. Pauline, qui était une jeune fille très coquette, a alors découvert que la vie était plus que cela. Elle s’est intéressée à son environnement, aux défis de son temps. Elle s’est ensuite intéressée aux missions de l’Eglise, grâce à un ami de son frère, séminariste aux Missions étrangères de Paris, d’où la fondation de l’œuvre de la Propagation de la foi, en 1822. Elle n’avait que 23 ans. Dans la foulée, elle a fondé l’œuvre du Rosaire vivant.
Comment décrire la personnalité de cette jeune femme?
Pauline est une jeune femme qui a les pieds sur terre. Elle va mettre en place le projet «le sou pour les missions». Le Rosaire vivant rassemblera quant à lui 2 millions et demi de personnes quelques années avant sa mort. C’est aussi quelqu’un de très intuitif. Le 19e siècle dans lequel elle évolue est aussi celui de la Révolution industrielle. Pauline, fille de soyeux (marchand de soie, ndlr), se montre sensible aux conditions de travail difficiles des ouvriers. Elle intervient même durant cette révolution sanglante qu’est la révolte des canuts, en s’interposant entre les forces de l’ordre et les ouvriers. Elle tente aussi de sortir certaines femmes de la prostitution en les envoyant travailler chez l’un de ses proches. Elle va aussi créer la banque du ciel, une œuvre de prêts gratuits pour les ouvriers, consciente que l’annonce de l’Evangile passe aussi par la reconnaissance de la dignité de la personne. Il y a chez elle un esprit missionnaire qui caractérise le IXXè siècle et en même temps, c’est une femme de prière, contemplative. Elle est véritablement une fille de son temps, qui découvre les défis qu’il faut relever.
En quoi peut-elle constituer un modèle pour les chrétiens aujourd’hui, et tout particulièrement pour les jeunes?
Elle peut être un modèle pour de nombreux chrétiens qui veulent vivre leur foi de baptisés sans s’engager dans la vie religieuse. Elle n’a d’ailleurs pas voulu être religieuse et dira : «mon cloître, c’est le monde» . Elle ne va pas seulement affirmer cela, mais le vivre. C’est en cela qu’elle est un modèle pour les jeunes comme pour les moins jeunes. Il est vrai que la jeunesse peut trouver en elle un modèle car à 23 ans, elle a déjà fait des choses extraordinaires. Elle est l’illustration de l’adage qui veut que la valeur n’attend pas le nombre des années. C’est aussi quelqu’un qui a œuvré à la mission depuis chez elle. Elle a en ce sens un point commun avec Sainte-Thérèse qui voulait être carmélite au Vietnam, mais qui est devenue patronne des missions depuis son couvent. Ces saintes sont un modèle pour les jeunes car elles témoignent qu’il est possible d’avoir une vie belle, digne et remplie à l’âge de 20 ans.
Comment le OPM vont-ils mieux faire connaître cette figure?
Il va y avoir de nombreuses célébrations, événements et conférences. Sa béatification sera l’occasion de parler d’elle, mais surtout de la mission qui a pris une tournure nouvelle au 21ème siècle. Aujourd’hui, c’est nous qui accueillons les missionnaires de tous les continents, car nos sociétés sécularisées en ont besoin. C’est un cadeau pour l’Eglise. Il faut beaucoup d’humilité et de sagesse pour accueillir. (cath.ch/imedia/cg/cp)
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