«Nous maîtrisons la pandémie», a déclaré Marcelo Crivella, le maire de Rio de Janeiro, en signant le 25 mai 2020 un décret considérant que «les églises et autres temples religieux sont des services essentiels et ne doivent pas souffrir de restrictions». Le texte autorise ainsi «la célébration des cultes de toute nature», moyennant le port obligatoire d’un masque et le respect des distances de sécurité.
La décision de l’édile a surpris une partie de l’opinion publique, alors que le coronavirus a contaminé plus de 42’000 personnes (officiellement recensées) et fait 4’605 morts dans le seul État de Rio de Janeiro, le 2ème le plus impacté du Brésil après celui de Sao Paulo. La surprise a été encore plus grande parmi les membres du comité scientifique qui aide l’administration municipale à établir des stratégies de lutte contre le virus.
Ces derniers ont en effet assuré que, lors de la dernière réunion avec le maire (23 mai), ils avaient continué à préconiser l’interdiction des regroupements de personnes. «Les églises et les temples ont d’ailleurs été cités comme des exemples de lieux devant rester fermés au public, en tout cas pour les célébrations».
Les réactions à la publication du décret, contrastées, n’ont pas tardé. L’archevêché de Rio a annoncé sa décision de continuer à célébrer les messes à distance, en s’appuyant sur la technologie. Le cardinal Orani Tempesta, archevêque de Rio de Janeiro, a justifié ce choix dans un communiqué publié le 27 mai, assurant que la santé publique était la priorité de l’Eglise.
Du côté des Eglises évangéliques, la décision a par contre été accueillie avec satisfaction. Notamment par Edir Macedo, le fondateur de l’Église Universelle du Royaume de Dieu (EURD), la quatrième église évangélique la plus importante du Brésil, avec huit millions de fidèles revendiqués. Fervent partisan de la reprise des cultes, Edir Macedo a qualifié la décision du maire de Rio de «salutaire».
Le responsable évangélique s’est cependant abstenu de rappeler qu’avant d’être élu maire de Rio de Rio en novembre 2018, Marcelo Crivella a été pasteur puis évêque au sein de l’EURD. Le maire est d’ailleurs régulièrement montré du doigt pour sa proximité avec Edir Macedo, plusieurs fois soupçonné de détournement de fonds à des fins d’enrichissement personnel.
Le maire de la «Cité merveilleuse» est également un proche de Jair Bolsonaro. Alors que le président brésilien soutient depuis le début de la pandémie un «confinement vertical» (n.d.l.r pour les personnes âgées et les celles présentant des comorbidités), Marcelo Crivella a toujours évité de critiquer l’ancien capitaine de réserve. Et lorsqu’il parle de lui, il cite très souvent des passages du Nouveau Testament ou recourt à des images parfois étonnantes. Comme, lors d’une récente conférence de presse, où il a déclaré: «Esthétiquement, Jair Bolsonaro c’est exactement l’inverse d’une tombe: de dehors, il est moche, mais il est beau de l’intérieur». Cette comparaison du président à une pierre tombale intervenait alors qu’au 27 mai 2020, le Brésil comptait 411’821 contaminations avérées et 25’598 morts du nouveau coronavirus. (cath.ch/jcg/rz)
Jean-Claude Gérez
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