«L’Eglise est-elle libre d’initier de nouvelles traditions face aux signes des temps»?, se demande le professeur Delgado dans son texte relayé le 26 mai 2020. Une question qui se pose aux chrétiens avec une intensité particulière à l’occasion de la Pentecôte, célébrée cette année le 31 mai. Le professeur Delgado rappelle que Jean XXIII avait soulevé, dans le contexte du Concile Vatican II (1962-1965), l’espoir d’une «nouvelle Pentecôte«, dans laquelle nous, en tant qu’ «Eglise des pauvres», commencerons à «mieux comprendre l’Evangile».
Un Concile dont «l’herméneutique appropriée» fait débat chez les théologiens depuis des décennies de, remarque le professeur d’histoire de l’Eglise médiévale et moderne. Les différentes approches ont navigué entre «continuité contre discontinuité ou rupture» et «continuité dans les principes et petites discontinuités à différents niveaux en ce qui concerne les questions secondaires». Mais pour que l’Eglise puisse porter à travers l’histoire «le flambeau de la foi», considère le théologien d’origine espagnole, elle «devrait avoir le courage de faire de plus grandes discontinuités: précisément un saut en avant et une nouvelle Pentecôte».
Pour étayer son propos, il prend en exemple le «premier» Concile de l’histoire de l’Eglise (Actes 15:1-35), qui a décidé d’ouvrir l’Eglise aux non-juifs, en renonçant à des parties importantes du judaïsme. Le professeur Delgado estime qu’il s’agit là de l’expression d’une Eglise qui «se sent libre de prendre des décisions propices à la dynamique de l’évangélisation, même si cela doit signifier ‘des ruptures et des interruptions de la continuité de l’histoire du salut’ (Karl Rahner) en faveur des innovations nécessaires».
Pour l’historien, on trouve chez le pape François, notamment dans son exhortation apostolique Evangelii gaudium (2013), un langage et une vision similaires de la mission de l’Eglise dans le monde d’aujourd’hui. Dès le début, l’Eglise a enseigné que nous ne devons pas avoir peur de la nouveauté de l’Evangile, ni du renouvellement des structures, rappelle le professeur Delgado sur la base des écrits du pontife argentin. «L’Eglise est libre. Le Saint-Esprit la conduit», assure-t-il. (cath.ch/com/rz)
Raphaël Zbinden
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