Ce dernier est dénoncé par le gouvernement turc actuel comme étant l’instigateur d’une sanglante tentative de coup d’Etat en Turquie en 2016. L’article accuse des membres de la minorité grecque, dont le patriarche Bartholomée, »d’avoir aidé Fethulah Gülen à organiser le coup d’Etat en Turquie contre Recep Tayyip Erdogan en juillet 2016».
Les dirigeants religieux chrétiens et juifs s’inquiètent que ces dénonciations infondées ne soient le prétexte à des attaques contre eux-mêmes ou contre leurs institutions religieuses et culturelles.
Sont visés pêle-mêle, dans ces accusations aux relents complotistes, le grand rabbin d’Istanbul Isahak Kahleva, le patriarche grec orthodoxe Bartholomée Ier de Constantinople, l’ancien patriarche arménien de Turquie Shnorhk Kaloustian, la CIA, l’OTAN, les sionistes, Hillary Clinton, le pape Jean Paul II et les anciens dirigeants turcs Ismet Inonu, Bulent Ecevit et Suleyman Demirel.
Les chefs religieux des communautés minoritaires en Turquie ont eu le courage de critiquer sévèrement le magazine turc, sachant qu’il y a beaucoup d’extrémistes en Turquie qui peuvent avoir recours à des actes de violence contre les Arméniens, les Assyriens, les Grecs, les Juifs et les Kurdes.
Le Patriarcat arménien a publié un communiqué dans lequel il regrettait les fausses accusations portées contre le patriarche Shnorhk.
«De tels écrits sous l’égide de la liberté de la presse nous causent de la douleur et peuvent entraîner des conséquences horribles. Ces mensonges inquiètent le Patriarcat arménien de Turquie et la communauté arménienne. Les manifestations racistes, comme ailleurs, également observées dans ce pays, ne permettent pas d’échapper à leurs conséquences…. Une telle médisance sans fondement est inacceptable pour nous».
Le Patriarcat grec orthodoxe a également condamné le magazine turc qualifiant les informations publiées de «complètement fausses et partiales». Une telle publication «cause de la détresse chez les chrétiens, les juifs et les musulmans et est particulièrement grave et irresponsable, car elle porte atteinte à l’unité de notre peuple…. Ces informations sont extrêmement dangereuses et pourraient être à l’origine d’actes de racisme et d’intolérance dangereux. Le patriarche œcuménique Bartholomée se sent très amer et plein de ressentiment pour les accusations qui ont été portées contre lui, malgré ses efforts pour le bien de notre pays».
«Les libertés religieuses continuent malheureusement à être mises en péril par une certaine haine et intolérance en Turquie, qui sont encouragées dans certains milieux, et nous attendons de la communauté internationale qu’elle condamne les attaques contre le patriarche œcuménique», a déclaré pour sa part le responsable de la délégation grecque à l’Assemblée interparlementaire orthodoxe, Maximos Charakopoulos, à la suite des accusations publiées par le magazine turc «Gerçek Hayat» contre le patriarche œcuménique, ainsi que d’autres autorités religieuses.
Maximos Charakopoulos rappelle que les fausses nouvelles publiées par un journal turc avaient déclenché les événements de septembre 1955, à savoir le pogrom contre la minorité grecque de Constantinople. «Dans tous les cas, leurs actions doivent être condamnées par tous les citoyens du monde libre. Nous attendons de l’Etat turc qu’il clarifie officiellement sa position. Le patriarche œcuménique, ainsi que le Patriarcat œcuménique, doivent être pleinement protégés par les institutions officielles et, par conséquent, ces pratiques doivent faire l’objet de poursuites judiciaires, car elles incitent à la haine religieuse. La communauté internationale, et en particulier l’UE, est responsable de la protection du patriarche œcuménique». (cath.ch/armennews/be)
Jacques Berset
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