«La Chine continue à être un joug très lourd. Le parti communiste veut tout contrôler, a déclaré l’évêque de Hong Kong au, pas seulement les structures mais aussi l’esprit et le cœur des citoyens. Aujourd’hui, les méthodes ont un peu changé, affirmait-il au quotidien italien l’Avvenire, mais la réalité de fond est restée la même». Les propos de Mgr Joseph Zen, alors évêque de Honk Kong, relayés par le journal de la Conférence épiscopale italienne en janvier 2006 peuvent sembler prophétiques.
Le peu d’illusions que se faisait à l’époque l’évêque de Hong Kong sur l’attitude de la Chine à l’égard de la péninsule, ancienne colonie britannique rendue à la Chine communiste en 1997, ont trouvé leur justification le 22 mai dernier.
Le parlement chinois en session annuelle à Pékin s’est en effet saisi d’un projet de loi sur la «sécurité nationale» pour Hong Kong, qui permettra à Pékin de gérer directement les contestations pro-démocratiques. Les opposants au texte redoutent en particulier une clause qui permettrait aux policiers chinois continentaux de mener des enquêtes à Hong Kong. On évoque même des tribunaux d’exception présidés uniquement par des juges chinois seront créés à Hong Kong pour gérer directement ces affaires de «subversion, sédition ou sécessionnisme». Cette loi qui sera votée dans les prochains jours risque de provoquer une nouvelle flambée de violence à Hong Kong.
«C’est une décision terrible pour Honk Kong, confiait le cardinal Joseph Zen, évêque émérite de Hong Kong, au quotidien La Croix, le 22 mai. J’écoute toutes les réactions venant des milieux politiques locaux et de l’étranger et je pense que cette démarche politique de Pékin est très très mauvaise pour tout le monde, pour les libertés des Hongkongais, la réputation du parti communiste chinois et pour la paix dans le monde. Cette loi imposée à Hong Kong est stupide».
Depuis le 31 mars 2019, Hong-Kong est la proie de manifestations anti-gouvernementales qui prennent de l’ampleur au fil du temps. A l’origine, les manifestants protestaient contre le projet de loi du gouvernement visant à faciliter les extraditions vers la Chine continentale.
La péninsule jouit jusque-là d’une large autonomie, régie par une loi fondamentale qui stipule que tous ses habitants bénéficient ainsi de la liberté d’expression, de la liberté de la presse, d’une justice indépendante de la liberté de conscience et de la liberté de religion. La pratique du culte est également libre, à la différence du reste de la Chine continentale. Ce modèle est censé durer jusqu’en 2047 mais nombre de Hongkongais dénoncent depuis des années des ingérences de plus en plus grandes de Pékin.
L’annonce de l’étude de projet de loi sur la «sécurité nationale» que les députés chinois à Pékin vont intégrer dans la Constitution de Hong Kong a déclenché de nouvelles manifestations ce dimanche dans le quartier Central. La police hongkongaise a eu recours aux lacrymogènes pour tenter de disperser des centaines de personnes. Celles-ci avaient bravé une interdiction de manifester pour défiler contre le projet de Pékin d’imposer à la ville une loi sur la «sécurité nationale».
La cardinal Zen s’inquiète que l’île ne perde son autonomie, pourtant promise par Pékin dans la déclaration commune sino-britannique de 1984.
Critique de longue date envers Pékin, l’évêque émérite de Hong Kong est aussi un opposant historique à un accord entre la Chine et le Saint-Siège. Il avait vivement critiqué l’accord provisoire secret signé entre le pape François et Pékin le 22 septembre 2018, qui portait sur la nomination des évêques dans l’empire du milieu – qui compte une Eglise «officielle», approuvée par Pékin dont les évêques n’étaient pas reconnus par Rome et une Eglise dite «souterraine» comptant des évêques ordonnés secrètement par Rome. L’accord devait mettre fin à cette situation.
Le 25 septembre 2018, le pape avait expliqué que l’accord provisoire prévoyait que les futures nominations épiscopales en Chine seraient le fruit d’un dialogue entre Rome et Pékin, «mais que le dernier mot reviendrait toujours au Siège apostolique«. En réponse, dans une tribune parue dans le New York Times le 24 octobre, Joseph Zen estimait que cet accord risquait de conduire à «l’anéantissement de la vraie Eglise en Chine». L’accord signifiant nécessairement que tous les évêques en Chine devraient rejoindre la Conférence épiscopale liée à l’Association patriotique des catholiques chinois (APCC), elle-même «sous la coupe» de Pékin. (cath.ch/lcx/bh)
Bernard Hallet
Portail catholique suisse
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