Deux évangiles mentionnent l’enlèvement au ciel de Jésus. Marc le place juste après l’épisode de la Résurrection. Jésus apparaît aux apôtres et les envoie en mission, leur donnant le pouvoir de réaliser des miracles en son nom. Cet épisode constitue la fin de l’Evangile Luc et le début des Actes des Apôtres. Sa description est on ne peut plus succincte: «Après ces paroles, tandis que les Apôtres le regardaient, il s’éleva,et une nuée vint le soustraire à leurs yeux.» (Ac. 1.10)
L’évangile de Jean annonce l’Ascension mais ne la décrit pas. Lors de l’apparition à Marie de Magdala après la Résurrection Jésus l’envoie dire aux apôtres : «Je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu».
D’après Luc, l’Ascension se produit à Béthanie, sans doute Béthanie-au-delà-du-Jourdain, où Jean baptisait. L’évangile de Matthieu indique en effet que c’est en Galilée que Jésus devait voir ses disciples avant de monter au ciel. Une autre tradition la situe toutefois au sommet du mont des Oliviers (tout proche du temple de Jérusalem) où une église a été édifiée autour de la pierre qui recèlerait la dernière empreinte du pied de Jésus sur terre avant son ascension. Comme on le comprend, l’analyse de la matérialité des faits est bien incapable de révéler le sens de l’Ascension.
«Qu’est-ce que veut nous dire la fête de l’Ascension du Seigneur? s’interrogeait le pape Benoît XVI en 2005. Elle ne veut pas nous dire que le Seigneur s’en est allé dans un lieu éloigné des hommes et du monde. L’Ascension du Christ n’est pas un voyage dans l’espace, vers les astres les plus lointains. […] L’Ascension du Christ signifie qu’Il n’appartient plus au monde de la corruption et de la mort qui conditionne notre vie. Elle signifie qu’Il appartient totalement à Dieu. Lui — le Fils éternel — a conduit notre condition humaine aux côtés de Dieu, il a apporté avec lui la chair et le sang sous une forme transfigurée. L’homme trouve une place en Dieu; à travers le Christ l’être humain a été conduit jusqu’à l’intérieur de la vie même de Dieu.»
«Grâce à Sa présence auprès du Père, il est proche de chacun de nous, pour toujours. Chacun de nous peut le tutoyer; chacun peut l’appeler, poursuivait Benoît XVI. Le Seigneur se trouve toujours à portée de voix. Nous pouvons nous éloigner de Lui intérieurement. Nous pouvons Lui tourner le dos. Mais Il nous attend toujours, et Il est toujours proche de nous.»
Dans son livre sur Jésus de Nazareth, le même Benoît XVI abordait l’Ascension avec une autre réflexion qui trouve une résonance particulière en période de privation de célébrations publiques liée à la pandémie du coronavirus. «Luc nous dit que les disciples étaient pleins de joie après que le Seigneur s’était définitivement séparé d’eux. Nous nous attendrions au contraire. Nous attendrions qu’ils soient demeurés déconcertés et tristes. Le monde n’était pas changé, Jésus s’était définitivement éloigné d’eux.
Ils avaient reçu une mission apparemment irréalisable, une mission qui allait au-delà de leurs forces. Comment pouvaient-ils se présenter devant les gens à Jérusalem, en Israël, dans le monde entier et dire ‘Ce Jésus, qui apparemment a échoué, est au contraire notre Sauveur à nous tous’?
Tout adieu laisse derrière lui une souffrance. Même si Jésus était parti comme une personne vivante, comment pouvait-il ne pas les rendre tristes de son congé définitif? […] On peut en déduire que les disciples ne se sentent pas abandonnés; ils ne retiennent pas que Jésus se soit comme évanoui dans un ciel inaccessible et loin d’eux. Evidemment ils sont certains d’une présence nouvelle de Jésus. Justement, ils sont sûrs que le Ressuscité est maintenant présent au milieu d’eux d’une manière nouvelle et puissante.
En montant vers le haut, Jésus révèle sans équivoque sa divinité: il retourne là d’où il est venu, c’est-à-dire en Dieu, après avoir accompli sa mission sur la terre. L’Ascension révèle donc la ‘ très haute vocation’ (Gaudium et spes, 22) de toute personne humaine : elle est appelée à la vie éternelle dans le Royaume de Dieu, Royaume d’amour, de lumière et de paix. En montant au Ciel, il a rouvert la voie vers notre patrie définitive, qu’est le paradis, soulignait encore Benoît XVI.
Dans son cours en ligne sur la résurrection la bibliste Marie-Christine Varone a consacré un épisode spécifique à l’Ascension. (cath.ch/mp)
Calendrier
La célébration de l’Ascension est attestée à la fin du IVe siècle, parfois fêtée simultanément avec la Pentecôte jusqu’au Ve siècle. À partir de 511, la fête de l’Ascension fut précédée en Europe par les trois jours des Rogations, pour implorer la bénédiction de Dieu sur la terre et sur les futures récoltes.
L’Ascension est célébrée au quarantième jour à partir de Pâques. Elle tombe donc toujours un jeudi. C’est un jour férié dans de nombreux pays d’Europe mais curieusement pas dans les grands pays catholiques que sont l’Italie, l’Espagne, le Portugal et la Pologne où la célébration est reportée au dimanche suivant. MP
Maurice Page
Portail catholique suisse
https://www.cath.ch/newsf/lascension-jesus-nabandonne-pas-ses-disciples/