COVID-19 au Québec: les religieux et religieuses paient le prix fort

Partout au Québec, le COVID-19 menace en priorité les personnes âgées dans les centres de soins de longue durée, et en particulier dans les institutions des congrégations religieuses. Des milliers de sœurs âgées y habitent dans une grande proximité et il manque souvent dans ces maisons de personnel soignant et de matériel médical.

Des professionnels de la santé s’inquiètent de voir ces anciennes enseignantes, infirmières, missionnaires et bénévoles oubliées de tous en pleine pandémie. Quelque 8’200 religieux et religieuses vivent dans des établissements liés à l’Association des trésorières et des trésoriers des instituts religieux, l’ATTIR, qui tirent la sonnette d’alarme.

25 % de décès dans une infirmerie pour religieux

«Nos membres vivent avec des dizaines de cas d’employés atteints de la COVID-19, et de nombreux postes ne sont pas pourvus à cause de l’absence d’un très grand nombre d’employés, gestionnaires et religieuses», écrit l’ATTIR. De nombreux religieux et religieuses âgés, dans des couvents et infirmeries, meurent seuls, sans ressources sanitaires, délaissés par leur personnel et «abandonnés» par leurs confrères et consœurs qui ne peuvent les visiter comme d’habitude, écrit le journaliste François Gloutnay, du site d’information religieuse québécois Présence.

«Dans une infirmerie où se trouvent 80 religieux de 10 communautés différentes, vendredi 15  mai, il y avait 19 décès, soit 25 % des résidents. Dans ce cas, l’infirmerie avait obtenu une certification gouvernementale, ce qui lui a permis d’avoir du personnel et des ressources, mais pas d’éviter ces morts…», écrit-il.

Pas droit à la même aide

L’ATTIR demande aux autorités québécoises de traiter équitablement les employés œuvrant dans les résidences pour religieux et religieuses, où sévit le COVID-19, mais qui n’ont pas droit à la même aide pour soigner les malades et prendre soin des aînés. L’organisation relève que la pandémie a eu un impact important sur un réseau de résidences, infirmeries et autres centres d’hébergement pour religieux qui se trouvait déjà dans une situation financière difficile.

«Les personnes en poste sont en voie de devenir exténuées, souligne l’ATTIR, qui déplore que plusieurs employés ont quitté leur poste pour aller plutôt prêter main-forte dans le réseau public, en raison de conditions salariales plus intéressantes que celles des résidences pour religieux». En avril, au moins 37 sœurs, frères et pères sont décédés du COVID-19 dans les infirmeries de leurs congrégations.

L’hécatombe se poursuit

Le 21 avril 2020, deux frères et un père sont décédés du COVID-19 à la Résidence De La Salle, à Laval, une infirmerie où sont soignés les membres d’une dizaine de communautés masculines. Le 4 mai, le Frère Florent Gaudreault, supérieur provincial des Frères des Ecoles chrétiennes du district du Canada francophone, a annoncé que 11 membres d’institut religieux et un prêtre de l’archidiocèse de Montréal sont décédés à la Résidence De La Salle. Le 5 mai, on comptait trois nouveaux décès attribuables au COVID-19: deux frères des Ecoles chrétiennes et un capucin.

A Pickering, en Ontario, à la maison René Goupil, cinq jésuites sont décédés à la suite de complications liées au virus. Le 10 avril 2020, la religieuse Bertha Laforest, des Sœurs Antoniennes de Marie, était la toute première religieuse au Canada à décéder des suites du COVID-19. Quatre autres religieuses de cette congrégation sont depuis décédées, selon la supérieure générale, Sœur Ginette Laurendeau. Les urnes de cinq religieuses ont été déposées à la chapelle de la maison mère à Chicoutimi. (cath.ch/présence/be)

Jacques Berset

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