Le pape a publié le 15 mai son message pour la 106e Journée mondiale des migrants et réfugiés du 27 septembre prochain. Dans ce texte consacrés aux ›déplacés internes’, il appelle les chrétiens à affronter ce «drame souvent invisible que la crise mondiale causée par la pandémie du COVID-19 a exacerbé».
Amaya Valcárcel, avocate espagnole laïque et coordinatrice du JRS souligne l’importance de donner la parole aux déplacés internes eux-mêmes. Dans ce contexte, l’Eglise est là pour leur servir de relais afin de rendre leur situation visible. Pour remplir cet objectif, «le pape François est le meilleur défenseur des personnes déplacées et des réfugiés», considère-t-elle.
Elle souligne par ailleurs l’action de son organisation au service des migrants sur cinq récents théâtres d’opération: la guerre en Syrie, le conflit ethnico-politique au Myanmar, la crise humanitaire au Vénézuela, le conflit en Colombie, le conflit en République démocratique du Congo (RDC).
Ces situations montrent que «la paix est la seule solution pour mettre fin aux déplacements forcés de personnes», déclare encore Amaya Valcárcel. Elle soutient donc l’appel lancé le 29 avril par le chef de l’Eglise catholique pour un «cessez-le-feu mondial».
Le cardinal Michael Czerny, sous-secrétaire en charge de la Section migrants et réfugiés du Dicastère pour le service du développement humain intégral, a rappelé quand à lui l’origine de l’engagement de l’Eglise envers les migrants qui remonte à la Première Guerre mondiale, suivi en 1918-1919 par la grippe espagnole. Aujourd’hui, explique-t-il, environ 47,5 millions de déplacés internes du fait de conflits et violences et 5,1 millions du fait de catastrophes vivent déracinées au sein de leur propre pays, parmi des compatriotes qui peuvent leur manifester de la haine.
Dans son message, souligne pour sa part le Père Fabio Baggio, sous-secrétaire de la Section migrants et réfugiés, le pape François invite chaque individu à comprendre sa précarité en ces temps de pandémie et de confinement comme une «condition constante dans la vie des personnes déplacées». Il encourage à se laisser inspirer par les médecins et les infirmières qui, ces derniers mois, ont pris des risques pour sauver des vies.
Il s’agit encore de profiter du silence des rues pour mieux écouter le cri des plus vulnérables et de notre planète. Il encourage à partager davantage, en rappelant que personne ne se sauve lui-même. Aujourd’hui, nous ne pouvons pas nous permettre d’être égoïstes, car nous sommes confrontés à un défi commun, qui ne fait aucune différence.
En écoutant l’histoire de ces personnes, nous pourrons mieux les comprendre, affirme le pape dans un extrait vidéo diffusé pendant la conférence. «Ce ne sont pas des numéros mais des êtres humains», ajoute-t-il, laissant la place au témoignage d’un migrant interne Nicaraguayen. «Nous n’avons pas réfléchi, il nous a fallu partir quand Managua est tombée dans la violence», déclare ce dernier. «Quand vous décidez de fuir, vous pensez seulement à sauver votre vie et celle de votre famille et à rien d’autre».
Cette journée met les personnes déplacées au premier plan de la conscience pastorale, observe de son côté le prêtre jésuite Joseph Cassar, membre du Service jésuite des réfugiés en Irak. Cette organisation vient en aide à des personnes qui en sont à leur sixième année de déplacement, explique-t-il.
Environ six millions de personnes ont été déplacées en Irak après que l’Etat islamique s’est emparé d’une grande partie de l’Irak – et de la Syrie – en 2014. Près de six ans plus tard, on compte toujours près de 1,4 million de réfugiés internes en Irak. «Un mot que j’entends souvent de la part des personnes déplacées est : ’oublié’», témoigne le prêtre.
Outre la réponse financière évidente, «il est temps d’investir massivement dans la paix», estime-t-il. «Au-delà des précieuses statistiques, il est plus que jamais opportun de mettre au premier plan les personnes déplacées négligées en tant que peuple». (cath.ch/ah/cd/mp)
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