Le pape aurait fait savoir au cardinal Cañizares lors de la dernière assemblée de la Commission pontificale pour l’Amérique latine en 2018 qu’il tenait beaucoup à ce que le cas d’Isabelle de Castille, dite ›la Catholique’, soit réexaminé. Il s’agirait, pour le successeur de Pierre, de montrer l’importance de la femme dans l’Eglise, thème abordé lors de cette assemblée.
«Je suis en colère contre toi, contre l’Espagne […] parce qu’il y a une femme que vous n’avez pas encore faite sainte», aurait déclaré à cette occasion le pontife au cardinal Cañizares. Demandant de qui il s’agissait, le prélat espagnol s’est vu répondre «La reine Isabelle».
La cause de la reine espagnole du 15e siècle, qualifiée avec son mari Ferdinand de «rois catholiques» par le pape Alexandre VI en 1496 après l’annexion du royaume musulman de Grenade en 1492, est ouverte en 1958 par le diocèse de Valladolid, capitale du royaume d’Espagne jusqu’en 1561. En 1972, après avoir passé l’examen historique, la cause pour la reine castillane est interrompue au moment de rendre l’avis de la commission théologique, celle-ci reportant son travail «pour étude et réflexion plus approfondies».
Sans un avis favorable, le pape ne peut décider de reconnaître le caractère héroïque des vertus d’Isabelle de Castille. Face au blocage, la cause est finalement interrompue en 1991. Est reproché à la reine son comportement contre les juifs d’Espagne, notamment lors de l’expulsion de ces derniers du royaume en 1492. La cause devrait malgré tout être à nouveau soutenue par l’Eglise en Espagne dans les prochaines années.
Le cardinal Cañizares a expliqué à Religion Digital que l’injustice commise par la reine d’Espagne avait été «réparée» par le don de la nationalité octroyé par le gouvernement espagnol, à la demande de la couronne d’Espagne, à tous les descendants des juifs expulsés en 2015. Il a affirmé attendre «bientôt des nouvelles» de l’avancement du procès en béatification, déjà relancé par la conférence des évêques d’Espagne en 2002.
En Espagne ainsi qu’en Amérique du Sud, les partisans de la reine Isabelle soutiennent son rôle dans l’évangélisation du continent américain. La reine d’Espagne était en effet le soutien financier de l’expédition de Christophe Colomb qui a abouti à la découverte de l’Amérique en 1492. Parmi les soutiens fervents de la pieuse reine, on trouve notamment le cardinal Antonio María Rouco Varela, archevêque émérite de Madrid.
Dans les colonnes de Religion Digital, le prêtre et journaliste espagnol Antonio Aradillas a réagi à cette nouvelle et remis en cause l’information transmise par le cardinal Cañizares. Selon lui, les populations sud-américaines ne peuvent pas soutenir une telle cause, l’Espagne ayant de son point de vue très mal agi lors de la colonisation de l’Amérique du Sud au XVIe et XVIIe siècles. (cath.ch/imedia/cd/rz)
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