Claire Riobé/Terre Sainte Magazine
Depuis deux mois maintenant, les habitants de Terre Sainte vivent au rythme du confinement pour tenter de réduire la propagation du coronavirus. Et dans cette région comme dans le reste du monde, la pandémie a provoqué une situation d’instabilité, d’isolement et de vulnérabilité sans précédent parmi la population. Au-delà de la crise sanitaire, c’est à une crise économique et sociale profonde que les plus démunis doivent aujourd’hui faire face.
Parmi les plus touchés par la crise, on trouve d’abord les communautés de réfugiés et de migrants. Israël compte actuellement plus de 30’000 demandeurs d’asile, principalement d’Erythrée et du Soudan. Or, 15’000 d’entre eux ont perdu leur emploi et leur unique moyen de survie depuis le début de la crise, notamment dans le secteur de la restauration.
De même, les quelque 100’000 travailleurs migrants originaires de Philippine, de Thaïlande et d’Inde, investis dans le secteur du soin à la personne en Israël, sont une des communautés les plus à risque. La fragilité de leur position sociale et économique dans la société, ainsi que le haut risque d’infection dû à leurs lieux de vie souvent surpeuplés, ont été deux facteurs-clé durant la crise du coronavirus.
Parmi les populations les plus touchées par la crise se trouvent aussi, on le sait, les chrétiens locaux de Terre Sainte, qui subissent de plein fouet l’arrêt du tourisme et la fermeture prolongée de nombreux commerces du pays.
A cet égard, il est intéressant de revenir sur les réactions suscitées par la crise du coronavirus au sein des communautés chrétiennes locales. La paroisse franciscaine Saint-Sauveur, située dans la vieille ville de Jérusalem, a mis en place fin avril une «caisse de charité», destinée à soutenir les familles chrétiennes les plus en difficulté.
Dans un communiqué diffusé aux congrégations religieuses et paroisses catholiques de Jérusalem, le curé de la paroisse, Frère Amjad Sabara ofm., a sollicité l’aide financière de ces dernières en leur demandant de participer à la collecte à hauteur de 300 shekels par mois (environ 80 francs). L’initiative démontre un réel désir de solidarité au niveau local, ce montant représentant un effort financier non négligeable pour plus d’une communauté religieuse de la ville.
Tout comme la paroisse Saint-Sauveur, d’autres communautés chrétiennes de Terre Sainte se sont mobilisées en interne, ces dernières semaines, pour venir en aide aux plus démunis. Le vicariat Saint-Jacques, à Jérusalem, a par exemple lancé une collecte pour les demandeurs d’asile et migrants d’Israël.
Ces initiatives locales, pour bénéfiques et louables qu’elles soient, ne rendent cependant pas moins indispensables les collectes de dons faites à l’étranger. Emilie Rey, chargée de communication pour le commissariat de Terre Sainte à Paris, le rappelle: Les campagnes de dons et la Collecte en faveur de la Terre Sainte demeurent capitales pour le maintien et le développement de l’Eglise locale. Cette dernière ne disposant pas de denier du culte, comme c’est le cas en Europe, les dons permettent de penser le futur de cette terre à travers divers projets sociaux, sanitaires et éducatifs.
Les directeurs des écoles chrétiennes le disent souvent: «Une école, dans la pratique, cela coûte cher et ne rapporte pas grand-chose, pour autant faut-il les fermer?» L’Eglise de Terre Sainte porte ce souci du long terme et privilégie l’humain, ce qui rassemble, ce qui met en dialogue là où beaucoup pensent que tout est déjà perdu», affirme-t-elle.
Il y a quelques jours, l’Ordre du Saint-Sépulcre en France a annoncé qu’il allait fournir une aide à hauteur de 360’000 euros pour les chrétiens locaux. Un «fonds d’urgence COVID-19», qui va permettre d’une part l’acquisition de matériel de soin pour l’unité Covid-19 de l’hôpital Saint-Joseph de Jérusalem-Est et, d’autre part, de mettre en place une aide pour les familles chrétiennes touchées par la crise.
Le Covid-19 et ses conséquences ont ainsi mis en avant une double logique dans la région: si l’Eglise de Terre Sainte a nécessairement besoin de dons de l’étranger pour vivre et traverser le moins douloureusement possible cette crise, elle se révèle par ailleurs capable, en ce temps de crise, de partager ses ressources au niveau local et de faire preuve d’une belle solidarité. (cath.ch/tsm/cr/bh)
Terre Sainte Magazine est un bimestriel en langue française consacré à l’actualité en entièrement consacré à la Terre Sainte sous ses aspects, entre autres bibliques, patrimoniaux, archéologiques, géopolitiques, etc.
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