C’est le cas du Texas et de l’Ohio qui ont suspendu, fin mars 2020, ce type d’interventions. La décision a cependant été annulée par la justice fédérale. En Pologne, en Argentine, et dans d’autres pays, des pressions plus fortes se sont récemment exercées pour empêcher ou restreindre l’autorisation d’avorter.
Et voilà, ce débat extrêmement sensible a resurgi…comme il le fait à intervalles réguliers dans le monde depuis des décennies. L’Eglise catholique a une position claire sur le sujet. Le Catéchisme rappelle que «la vie humaine doit être respectée et protégée de manière absolue depuis le moment de la conception».
Un «absolu» qui est loin d’être considéré de la même manière dans le monde. L’Etat du Texas paraît certes soucieux de protéger les enfants à naître. Mais dans le même temps, plus de 120 condamnés à mort ont été exécutés sur son territoire, ces dix dernières années. Inversement, dans de nombreux endroits du monde, des forces traditionnellement opposées à la peine de mort ne trouvent rien à redire à «l’élimination» de millions de fœtus chaque année.
«Défendre la vie, c’est également défendre les conditions qui permettent de la soutenir et de la développer»
Face à cette dichotomie, l’Eglise catholique a renforcé sa cohérence. Sous l’impulsion du pape François, elle a acquis une vision «globale» de la protection de la vie, mise notamment en exergue dans l’encyclique Laudato si’ (2015). Suivant cette logique, le pontife argentin a fait ajouter au Catéchisme la condamnation «absolue» de la peine de mort.
Car Jorge Bergoglio met en garde contre une approche «segmentée» du vivant: «Quand on ne reconnaît pas, dans la réalité même, la valeur d’un pauvre, d’un embryon humain, d’une personne vivant une situation de handicap – pour prendre seulement quelques exemples – , on écoutera difficilement les cris de la nature elle-même.» (LS 117)
Le pape nous rappelle que défendre la vie, c’est également défendre les conditions qui permettent de la soutenir et de la développer. On peut penser à des politiques sociales qui permettent aux femmes et aux familles d’élever dignement leurs enfants. Ou à des actions qui empêchent qu’un climat devenu fou condamne des millions de personnes à la famine ou à la mort dans des catastrophes naturelles.
Ou, comme la pandémie a pu le démontrer, à des décisions publiques qui privilégient la vie des plus vulnérables face aux intérêts économiques ou électoraux.
Raphaël Zbinden
10 mai 2020
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