Rassemblements, rencontres, relation. Des mots-clés que toute religion exerce en temps normal. Avec le semi-confinement imposé en Suisse, toutes les communautés doivent revoir leur copie, afin de garder au mieux le lien entre leurs différents membres. Selon les traditions religieuses, les solutions adaptées face à la pandémie peuvent varier. Une constante cependant: toutes les religions approchées ont respecté les directives sanitaires et portent toutes un regard positif sur la situation actuelle ou sur ce qui pourrait en sortir.
Face à l’impossibilité de célébrer publiquement, les différentes Eglises chrétiennes – et c’est ce que l’on retiendra peut-être de cette période de pandémie en terme d’innovation – ont favorisé massivement l’accès virtuel à leurs célébrations: messes, cultes et offices de prière en ligne. Pour les autres religions, ce n’est pas forcément la médiation digitale qui est au cœur de leur mission de liaison.
Pour la communauté israélite de Lausanne et du canton de Vaud (CILV), la question d’offices religieux en ligne ne se pose pas. «Il y a beaucoup de choses que les juifs orthodoxes traditionnels n’ont pas le droit de faire le jour de shabbat. Faire des vidéos en fait partie», explique Alain Schauder, président de la CILV. Mais la communauté a développé plusieurs services en ligne pour maintenir le contact entre les 600 familles qu’elle regroupe sur le canton: deux newsletters par semaine, des cours rabbiniques pour petits et grands, et une chaîne téléphonique à disposition des personnes non connectées.
«Pour les fêtes de Pâque, nous avons livré des kits pour que les familles puissent célébrer à la maison. Nous avons aussi un service de livraison de repas cacher et un service de commissions à domicile pour les personnes âgées», ajoute Alain Schauder.
«Nous avons pris des mesures dès le 5 mars [avant la déclaration de semi-confinement] pour annuler la fête de Pourim, par exemple. Et bien nous en a pris, car d’autres communautés juives dans le monde qui l’ont pratiquée, ont développé des cas d’épidémie par la suite. Je suis fier de pouvoir dire que, sur l’ensemble de notre communauté, il n’y actuellement aucun cas de virus à déclarer».
Afin de respecter l’ordre établi, les bahá’ís de Fribourg pratiquent la visioconférence. «Nous comptons une trentaine de membres», détaille Jean-Luc Schorderet, secrétaire de l’Assemblée spirituelle locale des bahá’ís de Fribourg. «Nous n’avons pas de rite à proprement parler, mais notre Fête des 19 jours – qui marque le début de chaque mois bahá’í – est importante pour l’unité de notre communauté. La partie spirituelle et consultative de notre fête peut se faire par internet. Quant à la partie sociale, durant laquelle nous partageons un repas, nous devrons attendre encore un moment».
C’est aussi par visioconférence que les bahá’ís de Fribourg et leurs amis se rencontrent pour prier et réfléchir aux contributions qu’ils peuvent faire dans leur voisinage. «L’entraide que nous voyons dans la société se voit aussi dans la communauté bahá’íe, où les jeunes vont faire les courses pour les personnes plus âgées», observe le secrétaire.
L’élection de l’Assemblée nationale des bahá’ís suisses a aussi été un défi. Ils ont néanmoins maintenu sa tenue, en optant pour une rencontre virtuelle, avec vote par correspondance. «S’il faut retenir quelque chose de cette pandémie, c’est l’inter-connectivité humaine et la nécessaire collaboration humaine: travailler ensemble pour la paix universelle», exhorte Jean-Luc Schorderet.
La communauté bouddhiste tibétaine du Valais, basée à Martigny, a dû également fermer ces portes. «Nous proposons à nos disciples [une trentaine depuis l’ouverture du centre en fin 2017, ndlr] de créer une énergie positive, de pratiquer à domicile s’ils ont le temps pour le faire», explique Lama Wangpo, l’enseignant du Vajradhara Dharma Centre.
Une pratique spéciale du Maître de la communauté, Dzongthri Rimpoché – basé au Bhoutan, mais actuellement confiné en Suisse – a également été composée pour ces temps de pandémie, durant lequel «la souffrance morale est bien plus grande que les problèmes financiers». «Respecter toute vie, et spécialement celle des animaux, pour éviter une prochaine épidémie», c’est le message qu’adresse volontiers Lama Wangpo, lors du futur déconfinement.
Chez les sikhs de Genève, la Gurdwara (temple) est fermée. Seul le Granti singh (prêtre) assure la prière chaque matin très tôt et chaque soir. «C’est comme le soldat qui lève le drapeau pour toute la troupe», décrit Jaspal Singh, président de la communauté sikh.
«Nous souhaitons respecter des consignes sanitaires, et les sikhs eux-mêmes peuvent prier chaque jour à la maison. D’ailleurs, je prends des nouvelles tous les jours: aucun sikh de notre communauté n’a été contaminé».
Les personnes âgées de la communauté sikh sont également aidées, si elles le souhaitent. Plusieurs sikhs suisses se sont annoncés comme bénévoles dans différents secteurs, comme dans le médical ou l’alimentaire. Pour le président sikh, il y a du positif dans cette pandémie: «Les valeurs de proximité des gens se sont développées. Et je sens que la vie quotidienne est plus spirituelle. Même si nous ne pouvons plus nous serrer la main, nous pouvons toujours se saluer avec le cœur. Et nous le faisons peut-être même encore mieux à présent», conclut Jaspal Singh. (cath.ch/gr)
Le défi du ramadan confiné pour les musulmans
Pour les communautés musulmanes, qui sont dans leur mois de ramadan, le défi est de taille. Un rappel des enjeux est à retrouver dans l’article de cath.ch ci-après:
Grégory Roth
Portail catholique suisse
https://www.cath.ch/newsf/les-religions-en-confinement-comment-garder-le-lien/