Le Vatican veut rendre visible les migrants et déplacés internes

Sensibiliser et donner des clés à tous les acteurs en faveur des «personnes déplacées internes» et apporter un remède à «l’invisibilité» dont souffrent certains migrants. L’objectif poursuivi par le Saint-Siège a été présenté en téléconférence le 5 mai 2020.

Lors de sa télé-conférence du 5 mai, le Père Fabbio Baggio, sous-secrétaire du dicastère pour le service du développement humain intégral, a exposé quatre axes proposés par le pape François pour résoudre le problème majeur des migrants et des «personnes déplacées internes» (PDI). Des axes qui devraient être «mis en œuvre» par l’Eglise: accueillir, protéger, promouvoir, intégrer. Ce plan d’action figure dans le document intitulé ›Orientations pastorales sur les déplacés internes’ (OPDI), publié le 5 mai par le Saint-Siège.

Il convient dans un premier temps d’accueillir, afin de répondre à l’invisibilité dont souffrent certains migrants, a affirmé le prélat. Le manque de données et l’absence de reconnaissance formelle augmentent leur vulnérabilité.

Protéger représente un «second défi», car il s’agit de compenser le «manque d’instruments internationaux de tutelle» pour défendre les individus de la «prolifération» de la traite humaine.

Favoriser l’inclusion

Le Saint-Siège appelle encore à favoriser l’inclusion socio-économique des migrants qui passe par leur reconnaissance et leur promotion. Intégrer les migrants implique en effet l’élaboration de «solutions durables» pour faciliter à la fois l’intégration des personnes déplacées dans les communautés d’accueil et, si possible, leur retour chez elles.

Le sous-secrétaire a enfin souligné l’importance spécifique de la coopération de tous les acteurs, qu’ils soient catholiques ou non. Il est selon lui crucial de coordonner les efforts avec les institutions concernées, les agences internationales et les autres entités de la société civile.

Le cardinal Michael Czerny, également sous-secrétaire de la Section migrants et réfugiés du Dicastère pour le service du développement humain intégral, a aussi considéré que le monde post-Covid-19 nécessitera la contribution des personnes déplacées, comme celle de toutes personnes. Pour cela, ces Orientations apportent «une série de réponses» qui ne sont pas théoriques mais systématiquement «fondées sur l’expérience, et prouvées sur le terrain».

Se rapprocher des «invisibles»

Par ailleurs, le cardinal canadien a rappelé l’absence de distinction en cette période de pandémie «entre ceux qui sont importants et ceux qui sont invisibles, ceux qui sont installés et ceux qui sont déplacés». «Tout le monde est vulnérable, et chaque infection est un danger pour tous.»  Cette situation doit ainsi pousser les chrétiens à se rapprocher de ceux qui sont invisibles aux yeux de la société. 

Cette invisibilité pointée par les OPDI, a relevé pour sa part Amaya Valcárcel, membre du Service jésuite pour les réfugiés (JRS), est notamment renforcée par la crise du Covid-19. Les migrants sont en effet soumis à de nombreuses restrictions ou n’ont tout simplement pas accès aux informations sur le virus. Un autre problème reste la limitation de l’accès à ces populations en raison des conflits sur les territoires où elles se trouvent. «Rendre visible» les aspirations de ces personnes relève donc de l’urgence, a-t-elle déclaré.

5 millions de déplacés en Colombie

Quelque 52 millions de personnes sont considérées comme PDI dans le monde. La Colombie, avec ses 5 millions et demi de réfugiés internes, demeure à ce jour le pays en comptant le plus. Une telle situation perdure parce que l’accord de paix avec les FARC a pu faire croire que le conflit étant théoriquement terminé, les déplacés ne sont plus un problème, a estimé le professeur. A cela, s’ajoute la forte présence de migrants vénézuéliens (1,8 million) dans ce pays, en raison de la crise que traverse cet état voisin.

La Syrie ou le Kurdistan irakien, qui compte un grand nombre de déplacés «survivants» suite à l’invasion de Daesh, sont encore des cas significatifs de zones comptant des PDI. L’exemple de l’Irak, qui en possède 1,5 million représente un exemple éloquent. Amaya Valcárcel a encore évoqué les cas du Burundi, du Soudan du Sud ou encore de l’Afghanistan, des pays très instables en raison de tensions politiques ou encore tribales, dans lesquels le Service jésuite pour les réfugiés est très actif auprès des migrants internes. (cath.ch/imedia/cg/cd/ah/cp)

I.MEDIA

Portail catholique suisse

https://www.cath.ch/newsf/le-vatican-veut-rendre-visible-les-migrants-et-deplaces-internes/