En Europe, une reprise des messes en ordre dispersé

Le mouvement de déconfinement en cours en Europe touche diversement les communautés catholiques. Dans certains pays, l’épiscopat proteste contre le fait que le domaine religieux soit mis au second rang des priorités par les gouvernements.

En Italie, le pays européen jusqu’à maintenant le plus durement touché par la pandémie de Covid-19, un protocole général pour le retour aux messes en présence des fidèles a été élaboré, a révélé la Conférence des évêques italiens (CEI) début mai 2020. Le cardinal Gualtiero Bassetti, président de la CEI, a remercié le gouvernement italien pour la discussion «continue et fructueuse» des dernières semaines concernant les modalités de la reprise des célébrations.

«A la veille de ce que nous espérons être une renaissance pour l’ensemble du pays, je réitère l’importance de ne pas baisser la garde, a relevé le cardinal Bassetti. Mais, comme nous l’avons répété ces derniers mois, nous nous félicitons des mesures sanitaires pour le respect de la santé de tous».

L’évolution de la courbe épidémiologique scrutée

Selon le média de l’épiscopat italien Avvenire, un calendrier d’ouverture en plusieurs phases serait à l’étude. Il prévoit une reprise prudente des offres religieuses, tout en mettant en garde qu’elle est liée à l’évolution de la courbe épidémiologique dans le pays.

Les évêques espèrent ainsi qu’à partir du lundi 11 mai, des messes, d’abord de semaine, puissent être célébrées en plein air. Dès le lundi 18 mai, les fidèles pourraient idéalement célébrer à l’intérieur des églises, si les conditions de sécurité sanitaires sont réunies. Il est prévu d’assurer une distance suffisante entre les fidèles, de généraliser le port de gants et de masques, et de suspendre certains gestes liturgiques, comme le rite de l’échange du signe de paix.

Communion possible en Autriche

De son côté, l’Autriche, qui a été l’un des pays les plus épargnés par le virus, est en avance sur d’autres Etats européens sur le plan du déconfinement. Les offices religieux en public seront à nouveau possibles à partir du 15 mai. Les communions seront autorisées, à condition que les fidèles viennent vers le prêtre avec un masque, qu’ils pourront brièvement enlever pour prendre l’hostie.

La Conférence épiscopale autrichienne a publié le 2 mai 2020 des règles détaillées pour la célébration dans les lieux fermés, rapporte l’agence de presse catholique autrichienne Kathpress. Selon celles-ci, un espace de 10 mètres carrés par personne doit être disponible. Et les fidèles doivent maintenir entre eux une distance minimale de deux mètres. Le port du masque est obligatoire, sauf pour les enfants de moins de six ans.

Des règles précises pour la communion ont été édictées: entre autres, «la plus grande distance possible» doit être maintenue entre le donneur et le récepteur de la communion, dont les mains «ne peuvent en aucun cas se toucher». Comme leurs voisins italiens, les évêques autrichiens relèvent que les règles actuelles seront adaptées en fonction de l’évolution de la pandémie.

«Répétition» de messes publiques en Allemagne

L’Allemagne est actuellement à l’avant-garde du déconfinement des églises. Les services religieux y sont à nouveau autorisés à partir du 4 mai, avec des mesures d’hygiène semblables à celles prévues par les autres pays. Pour s’assurer de la possibilité de la démarche, une «répétition» a eu lieu le dimanche 3 mai dans la cathédrale de Cologne. Seuls y ont participé les collaborateurs de l’Eglise. Pour les messes à la cathédrale, le diocèse allemand a mis en place un système d’inscription sur internet. Une façon de faire qui n’est pas été adoptée partout, car les mesures sont extrêmement diverses d’une région du pays à l’autre.

Dans d’autres pays d’Europe occidentale, la reprise des messes ne sera pas aussi rapide. C’est le cas de la Suisse, où les services religieux en public ne pourront pas recommencer avant le 8 juin 2020. Les responsables chrétiens du pays s’étaient plaints que les premiers calendriers de déconfinement ne prennent pas en compte le secteur religieux. Mgr Felix Gmür, président de la Conférence des évêques suisses (CES), a déclaré fin avril que le Conseil fédéral avait «oublié les Eglises».

En Belgique, les évêques n’ont pas encore pu obtenir, au 4 mai, une date de reprise des messes en public. Des contacts sont en cours avec les différents gouvernements du pays, rapporte le média catholique officiel Cathobel. Les évêques belges demandent que le phasage de reprise des célébrations soit intégré dans les grandes lignes définies par le Conseil national de Sécurité et les divers gouvernements en date du 24 avril.

Les évêques français impatients de la reprise

En France, c’est la grogne qui règne chez les évêques catholiques face aux freins mis par le gouvernement pour ré-autoriser les messes publiques. Le Premier ministre Edouard Philippe a annoncé le 28 avril que la reprise des cultes devrait encore attendre le 2 juin, alors que les écoles et certains commerces seront rouverts le 11 mai.

Les discussions continuent entre l’épiscopat et le gouvernement français, les évêques souhaitant reprendre les messes à la Pentecôte, le 31 mai. Si un compromis semblait se dessiner ces derniers temps, les autorités françaises ont confirmé, le 3 mai, une «ligne dure», rapporte le quotidien Le Figaro. Les évêques se réunissent en séance exceptionnelle le 4 mai pour discuter de la situation.

Le 30 avril, Mgr Eric de Moulins-Beaufort, président de la Conférence des évêques de France (CEF), a souligné que «la vie spirituelle, la vie sacramentelle et la vie liturgique ne sont pas des loisirs dont on pourrait se passer facilement, ni des activités sans portée sociale». En effet, selon l’archevêque de Reims, «la participation à la messe contribue à la paix des cœurs, à la force dans l’épreuve, à la capacité de garder le cœur et l’esprit ouverts et paisibles dans des temps difficiles et inquiets». (cath.ch/ag/rz)

Raphaël Zbinden

Portail catholique suisse

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