la canonisation de 117 martyrs vietnamiens

Rome : grande cérémonie à Saint-Pierre pour (190688)

Regain de tension entre le gouvernement vietnamien et le Vatican

Rome, 19juin(APIC) C’est en présence de milliers de catholiques vietnamiens vivant en exil que le pape Jean Paul II a canonisé dimanche 19 juinau

cours d’une grande cérémonie sur la place Saint-Pierre 117 martyrs vietnamiens des 18ème et 19ème siècle. Dans son homélie, le pape a fait indirectement allusion aux critiques émanant des autorités vietnamiennes en affirmant que ces martyrs, tout en restant fidèles à leur foi étaient restés

loyaux à leur pays. Il a également relevé que l’Eglise au Vietnam montre

qu’elle veut s’intégrer et apporter fidèlement sa contribution à la construction véritable de la patrie.

L’annonce de ces canonisations avait en effet provoqué un regain de tension entre le gouvernement communiste vietnamien et le Vatican, Hanoï les

ressentant comme «une attaque contre l’unité nationale» et qualifiant les

trois siècles de présence de l’Eglise catholique au Vietnam de «300 ans de

collaboration avec le colonialisme». Selon l’agence italienne «Agi», aucun

pèlerinage n’a reçu l’autorisation de venir à Rome du Vietnam pour assister

à cette cérémonie.

Pour le gouvernement vietnamien, une «provocation»

Le fait que le 19 juin correspond également à la date anniversaire de la

création de l’ancienne armée sud-vietnamienne a également été ressenti comme une «provocation» par le régime vietnamien. Dans une interview accordée

au début de l’année au P. Albert Longchamp, rédacteur en chef de l’»Echo

Illustré» à Genève, M. Nguyen Quang Huy, président de la Commission pour

les affaires religieuses du gouvernement vietnamien, «la décision de canoniser 117 martyrs vietnamiens, sans consulter notre gouvernement, est un

acte qui porte atteinte à l’unité de notre pays… La persécution des

catholiques au temps des empereurs Mingh Mang, Thieu Tri, Tu Duc (de 1820 à

1883) n’avait pas que des causes religieuses. Avec ces 117 martyrs canonisés, l’Eglise au Vietnam va se retrouver au 6ème rang des Eglises qui

font eu le plus de martyrs au monde. On dit à Rome que c’est un grand honneur, nous ne sommes pas d’accord!»

Ces martyrs, béatifiés sous différents papes, font partie des 130’000

chrétiens morts pour leur foi au Vietnam. Il y a parmi eux des évêques, des

prêtres, des religieux, des catéchistes et des laïcs de différentes origines.

Le plus grand nombre d’entre eux furent décapités, d’autres furent

étranglés, écartelés ou moururent en prison après avoir été torturés. Ils

furent martyrisés entre 1740 et 1883. 59 d’entre eux appartiennent à la

mission des dominicains et 58 à celle des Missions étrangères de Paris. On

compte parmi eux 96 Vietnamiens, 11 dominicains espagnols et 10 membres des

Missions étrangères de Paris.

Les persécutions contre l’Eglise

La période des persécutions a duré 260 ans au Vietnam, douze ans de plus

que dans l’Empire romain. On peut distinguer quatre étapes : les seigneurs

Trinh Nguyen publièrent 25 édits contre les chrétiens; la dynastie Tay Son

fit 30’000 martyrs à la fin du 18ème siècle; les empereurs Nguyen Mingh

Mang (1820-1841), Thieu Tri et Tu Duc (1847-1883) firent 40’000 martyrs; le

mouvement Van Than fit 60’000 martyrs de 1885 à 1886.

La cause principale de ces persécution, souligne l’Eglise, était d’ordre

religieuse. On accusait les adeptes de cette religion importée d’Occident

de provoquer la colère de dieux quand se produisaient des sécheresses ou

des inondations.S’y ajoutèrent la crainte du pouvoir local devant les idées

venues de l’étranger qui représentaient une menace pour la société organisée selon les principes confucianistes. Le pouvoir en place redoutait aussi

que les étrangers soutiennent l’opposition dans le pays.

Dans l’histoire récente, quand le pays s’est divisé en deux, entre le

Sud pro-occidental et le Nord communiste, près de 600’000 catholiques ont

quitté le Nord pour se réfugier au Sud. Une petite majorité (quelque

700’000 fidèles) reste au Nord, avec 7 évêques et environ 370 prêtres. Elle

restera de nombreuses années une «Eglise du silence». En 1975, avec la

réunification du Vietnam au sein d’un régime communiste, on assiste à une

nouvelle vague d’exil. En 1979, Mgr Joseph Marie Trinh Van Can, archevêque

de Hanoï, devient le premier cardinal vietnamien. On comptait en 1975

quelque 6 millions de fidèles dans le pays. Ils représentent aujourd’hui un

peu moins de 10 % de la population vietnamienne. (apic/jt/cip/be)

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