Le 26 avril au soir, le président du Conseil italien, Giuseppe Conte, a publié un nouveau décret prévoyant que si le déconfinement de la population italienne est prévu pour le 4 mai prochain, les messes dominicales publiques restent quant à elles interdites. Au lendemain de cette annonce, le responsable politique a cependant déclaré vouloir «travailler à l’établissement d’un protocole de sécurité maximale pour garantir à tous les fidèles de participer aux célébrations en toute sécurité», selon la presse italienne.
Après la publication de l’admonestation de la CEI, la Présidence du Conseil italien a publié un communiqué dans lequel elle «prend note» de la position des évêques et confirme que «déjà dans les prochains jours, un protocole sera étudié qui permettra la participation des fidèles aux célébrations liturgiques dans des conditions de sécurité maximale».
Les évêques italiens avaient proposé au gouvernement la reprise des funérailles, mariages et baptêmes, mais avec une participation limitée à la famille proche, ainsi que les messes de semaine (les moins fréquentées), et une sorte de «numerus clausus» pour les dimanches, à savoir «une vingtaine de fidèles», avec un strict respect des précautions sanitaires et des mesures de distance.
«Rien n’est insurmontable face à l’importance que représente pour les chrétiens la célébration dominicale», a considéré pour sa part Mgr Vincenzo Paglia. Le président de l’Académie pour la vie s’aligne ainsi sur la déclaration de la Conférence épiscopale italienne publiée au lendemain de ce décret le 27 avril.
Dans cette missive, les évêques s’inquiètent de voir «l’exercice de la liberté de culte compromis» dans leur pays et déplore que soit «arbitrairement» exclue «la possibilité de célébrer la messe avec le peuple». Dans sa messe à la Résidence Sainte-Marthe le 28 avril, le pape François a quant à lui prié pour le bon déroulement du déconfinement. Que le Seigneur «donne à son peuple la grâce de la prudence» et «l’obéissance aux dispositions», a-t-il souhaité.
De son côté, la Conférence des évêques de France (CEF) «prend acte avec regret» du maintien des restrictions sur les messes suite à la déclaration du Premier ministre français Edouard Philippe au sujet du plan de déconfinement, qui débutera le 11 mai, mais qui prévoit la suspension des rassemblements religieux publics durant trois semaines supplémentaires. Dans une déclaration devant l’Assemblée Nationale, le Premier ministre a annoncé que les célébrations religieuses avec assemblées ne pourraient pas reprendre avant le mardi 2 juin.
Dans un communiqué, le Conseil permanent de la Conférence des évêques de France, «au nom de tous les évêques, prend acte avec regret de cette date qui est imposée aux catholiques et à toutes les religions de notre pays». L’épiscopat français exprime ses réserves, tout comme l’épiscopat italien par rapport à la décision semblable prise par le gouvernement de Giuseppe Conte quelques jours plus tôt.
«Nous partageons le souci du gouvernement de limiter au maximum la circulation de l’épidémie, mais nous voyons mal que la pratique ordinaire de la messe favorise la propagation du virus et gène le respect des gestes barrières plus que bien des activités qui reprendront bientôt», écrivent les évêques de France, en notant la reprise des activités économiques et commerciales et la réouverture progressive des écoles.
Les évêques soulignent que «la dimension spirituelle et religieuse de l’être humain contribue, nous en sommes persuadés, à la paix des cœurs, à la force dans l’épreuve, à la fraternité entre les personnes, et à toute la vie sociale». Ils relèvent encore que «la liberté de culte est un élément constitutif de la vie démocratique».
«Le Conseil permanent des évêques de France invite les catholiques à vivre le mois de mai comme un mois ‘au Cénacle’, dans une prière instante pour le don de l’Esprit Saint, et comme un mois marial», soulignent les évêques signataires du texte, parmi lesquels figure Mgr Eric de Moulins-Beaufort, archevêque de Reims et président de la Conférence des évêques de France (CEF).
Durant les semaines à venir, comme c’est le cas depuis le début du confinement, les lieux de culte pourront rester ouverts pour la prière individuelle, et la liturgie des obsèques pourra toujours être célébrée (mais sans eucharistie), tant dans les églises que dans les cimetières, en limitant le nombre de participants à 20. La CEF invite les familles endeuillées à ne pas renoncer aux obsèques religieuses, même si seulement une partie des proches peut se rassembler.
Les évêques de Belgique se sont réunis en vidéoconférence dans le but d’organiser progressivement la reprise de célébrations liturgiques publiques, communique la Conférence épiscopale belge. «Leur désir est grand de reprendre ces célébrations en concertation avec les responsables de tous les cultes reconnus en Belgique, ainsi qu’avec le Gouvernement fédéral et les entités fédérées», écrivent-ils le 28 avril 2020.
«Les évêques sont particulièrement sensibles au désir souvent exprimé de pouvoir participer à nouveau ‘en présentiel’ à des célébrations. En tout état de cause, les normes de protection sanitaire devront être respectées, il y va de la santé et de la responsabilité de tous», peut-on lire. Des contacts sont en cours avec les différents gouvernements du pays. Les évêques belges demandent que le «phasage» de reprise des célébrations soit intégré dans les grandes lignes définies par le Conseil national de Sécurité et les divers gouvernements du pays en date du 24 avril 2020. (cath.ch/com/be)
Jacques Berset
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