Mardi 21 avril, lors d’un dialogue avec les représentants des cultes, le président français Emmanuel Macron avait laissé entendre que les lieux de cultes ne rouvriraient pas avant la mi-juin. Mais, de plus en plus impatients, de nombreux paroissiens et plus de 130 prêtres et curés de paroisses exerçant leur sacerdoce dans les différentes régions de France, ainsi que des évêques, ont lancé un appel pour la reprise des messes le 11 mai prochain.
Les évêques de France rappellent l’immense besoin spirituel des fidèles et leur désir que la vie ecclésiale puisse retrouver son caractère pleinement communautaire au même rythme que la vie scolaire, sociale et économique du pays à partir du 11 mai 2020.
Dans leur pétition, les quelque 130 «prêtres de terrain», au contact de tous et disponibles pour tous, en milieu urbain, semi-urbain ou rural, aumôniers, vicaires, curés de paroisse, demandent publiquement au président Macron de les laisser «reprendre pleinement notre service, dès le 11 mai».
«Vivre confinés, sans célébration commune, la semaine sainte et les fêtes de Pâques – le sommet de l’année pour les chrétiens – fut pour nos fidèles et nous une véritable épreuve que nous avons pleinement acceptée et offerte pour notre pays». Ils relèvent que le président Macron, tout comme le Premier ministre et le ministre de l’Intérieur, ont souligné leur sens des responsabilités à cette occasion.
Mais de son côté, la Conférence Catholique des Baptisé-e-s Francophones (CCBF), dans un communiqué publié le 27 avril 2020, «désapprouve la demande de la Conférence des évêques de France d’ouverture anticipée des lieux de culte catholiques».
La CCBF relève qu’à la suite de la décision du président Macron de fixer au 11 mai le début d’un déconfinement progressif, la Conférence des évêques de France demande à bénéficier dès cette date d’autorisations de rassemblement, arguant d’activités cultuelles et connexes à caractère d’urgence. «En quoi ne saurait-elle attendre la date de l’autorisation pour tous les cultes et la mise en place préalable des déconfinements les plus urgents ?», se demande la CCBF. Et de relever que les catholiques ne sont pas privés de messes: «elles sont diffusées par le service public (France 2, France culture) sans oublier la toile et les célébrations domestiques.
«Dans la situation dramatique de notre pays, l’urgence pour tous les membres de l’institution ecclésiale catholique devrait en priorité d’être sur le terrain auprès des plus pauvres et des plus isolés comme le demande le pape François», insiste la CCBF. Qui dit comprendre une urgence économique, mais celle-ci n’est pas à ses yeux l’apanage des Eglises.
«Il n’y a pas d’urgence pastorale puisque jamais les liens communautaires et fraternels n’ont été rompus, et bien des initiatives personnelles et de groupes chrétiens se substituent tous les jours à la possibilité des rencontres institutionnelles notamment dominicales», écrit la Conférence des Baptisé-e-s, regrettant que la hiérarchie de l’Eglise catholique de France «se cantonne dans des postures d’opposition». Elle affirme que «ces postures ne sont tenues qu’au nom d’une infime partie des catholiques».
La CCBF est un réseau de personnes et d’associations 1901 qui rassemble des «chrétiens d’ouverture». Le réseau affirme promouvoir une véritable opinion publique dans l’Eglise et contribuer par des prises de positions et des services – célébrations, lectures suivies d’évangiles, formation, conférences, forum de discussions, etc.– «à se mettre dans le sillage de l’Eglise synodale prônée par le pape François». (cath.ch/com/be)
Jacques Berset
Portail catholique suisse
https://www.cath.ch/newsf/france-leglise-presse-pour-la-reprise-des-cultes-des-le-11-mai/