Afrique: le Ramadan débute dans un contexte de coronavirus

Le Ramadan, mois de jeûne des musulmans, a débuté en Afrique le 25 ou le 26 avril 2020, dans un contexte de crise mondiale due à la pandémie de coronavirus. Dans certains pays, la population musulmane voit d’un mauvais œil les mesures de sécurité prises par les pouvoirs publics.

Le Covid-19 a entraîné, dans beaucoup de pays africains, la fermeture des mosquées, afin d’éviter tout rassemblement susceptible de propager le virus. Mais, fin avril, de nombreuses voix se sont élevées, aussi bien chez les musulmans que chez les chrétiens, pour réclamer l’ouverture des lieux de cultes. Au Kenya, un prêtre catholique et 12 fidèles qui ne respectaient pas le confinement ont été arrêtés pendant une messe publique, le dimanche 19 avril, rapporte le quotidien national The Daily Nation.

Protestations contre le confinement

Au Niger, des échauffourées ont eu lieu entre le 17 et le 19 avril, notamment à Niamey, la capitale. Des émeutes ont éclaté pour protester contre l’interdiction de se déplacer le soir et la fermeture des mosquées. Le couvre-feu instauré dans le pays a mis à mal le budget des ménages les plus modestes, qui vivent la pluplart du temps du travail informel. Suite au début du Ramadan, le calme régnait cependant dans l’Etat sahélien où plus de 90% de la population est musulmane.

A Kano, au nord du Nigeria, des tensions ont également été enregistrées, alors que les musulmans de la région n’ont eu qu’une heure ou deux pour faire leur stock de vivres destiné à la rupture du jeûne. De nombreuses personnes réclament un assouplissement du confinement, et de fausses nouvelles ont été diffusées sur l’inexistence du virus.

Le début du Ramadan s’est toutefois passé dans le calme et le respect des consignes dans la grande majorité des pays d’Afrique où vivent des musulmans. Par endroits, des assouplissements des mesures anti-virus ont été adoptés.

Ramadan est le neuvième mois lunaire du calendrier islamique. Son début et sa fin sont déterminés par l’apparition du croissant lunaire. Cette année, il coïncide avec l’année lunaire 1441-1442, après l’Hégire, le départ en exil de Mahomet de La Mecque vers l’oasis de Yathrib, ancien nom de Médine, en 622.

La Mecque abrite la Kaaba, lieu le plus sacré de l’islam. Elle a été fermée temporairement depuis le 5 mars 2020 par les autorités saoudiennes à cause du coronavirus. Il s’agit d’une mesure rare, adoptée une quarantaine de fois dans l’histoire.

Le jeûne du Ramadan, qui dure 29 ou 30 jours, est le quatrième pilier de l’islam, après la profession de foi (Chaïd), la prière, et l’aumône. Le cinquième étant le pèlerinage aux lieux saints, en terre d’Arabie. Pendant ce mois, il est interdit aux pratiquants de manger, de boire, de fumer et d’avoir des relations sexuelles de l’aube au coucher du soleil. Il est par contre recommandé de beaucoup prier et de lire le Coran, notamment la nuit, ainsi que de s’abstenir de tout comportement et acte pouvant heurter la morale.

Le jeûne est prescrit à tout musulman en bonne santé. Il permet cependant aux malades ou à ceux qui sont en voyage de ne pas jeûner. Le jeûne peut être réalisé ultérieurement.

En Afrique, selon diverses estimations, 45% des quelque 1,2 milliard d’habitants sont musulmans, soit environ 540 millions. Au Maroc, en Algérie, en Tunisie, en Egypte, en Libye et au Soudan, l’islam est la religion officielle et dominante. Le jeûne du mois de Ramadan y est obligatoire. Et dans certains de ces pays, manger ou boire pendant cette période dans un lieu public est considéré comme un délit. En Afrique sub-saharienne, où l’islam est souvent vécu de façon plus souple, ces prescriptions ne sont pas obligatoires. (cath.ch/ibc/ag/rz)

Ibrahima Cisse

Portail catholique suisse

https://www.cath.ch/newsf/afrique-le-ramadan-debute-dans-un-contexte-de-coronavirus/