Décédé le 16 avril à Albertville, quelques jours avant son 76e anniversaire, ce religieux au service de la presse laisse d’abord le souvenir d’un formateur hors pair, inventeur, sans même le savoir, de la «pastorale du stylo rouge». La formule humoristique voulait signifier son double statut de religieux assomptionniste et de journaliste expérimenté, redoutable relecteur quand il vint à occuper la fonction de rédacteur en chef à l’hebdomadaire Pèlerin, au milieu des années 1990.
Originaire du Morbihan et de famille modeste, il aimait transmettre ce qu’il avait appris tout au long de son parcours dans le groupe de presse Bayard, propriété des Augustins de l’Assomption, congrégation dans laquelle il avait prononcé ses vœux perpétuels, le 26 mai 1973.
Diplômé en lettres modernes, titulaire d’une licence en théologie, après avoir accompli une partie de sa scolarité chez les assomptionnistes, Bernard Jouanno avait le sens des mots et de l’écrit. Et, chevillé au cœur, le sens du public auquel il s’adressait. D’abord les enfants et les adolescents, puis, à Pèlerin, ce lectorat que l’on qualifie souvent de «populaire», dénomination à laquelle il ôtait toute forme de condescendance.
Chez le religieux, profondément marqué par le concile Vatican II comme chez le professionnel, point d’envolées lyriques ou d’auto-promotion de ses talents, mais un goût pour l’autre et le souci d’une Eglise au plus près des pauvres et des humbles. Sa vocation comme son métier, Bernard Jouanno les aura vécus comme un transmetteur, volontiers relais de ces initiatives qui donnent encore à espérer.
Quittant ses fonctions hiérarchiques, il passera les six dernières années de sa vie journalistique (2001-2007), au service Religions de La Croix, en qualité de grand reporter, heureux de retrouver le terrain.
Profondément attaché à l’Afrique – il fut coopérant au Cameroun entre 1968 et 1970 –, il avait choisi de vivre sa «retraite» au Togo, afin de participer à la fondation d’une communauté à Sokodé. Un grave accident de santé l’obligea à rentrer en France précipitamment, d’abord à Lyon, puis à Paris, et enfin à Albertville, dans l’Ehpad des assomptionnistes, où il séjournait depuis trois ans. Fidèle, presque jusqu’au bout, à la lecture de la presse. (cath.ch/cx/bb/cp)
Carole Pirker
Portail catholique suisse
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