Le prêtre récalcitrant, qui a repoussé les gendarmes et refusé d’obtempérer aux ordres du maire lui intimant d’interrompre la cérémonie, devra payer, comme chacun des participants, une amende de 270 euros pour non-respect du décret gouvernemental et violation des ordonnances sur l’urgence sanitaire.
Don Lino Viola, malgré les exhortations de deux carabiniers venus lui transmettre l’ordre à l’autel, a réussi à terminer la messe, qualifiant cette intervention policière de «profanation» d’un lieu sacré.
Dès que le prêtre de la paroisse a commencé à célébrer la messe, les rumeurs se sont répandues dans le village et deux carabiniers sont arrivés sur les lieux. L’un d’eux s’est approché de l’autel pour faire arrêter la messe, déclenchant la colère de Don Lino, qui, en direct (un fidèle enregistrait la célébration), a entamé une discussion animée avec le représentant des forces de l’ordre: «Excusez-moi, je célèbre la messe», a tonné le curé, qui n’a pas voulu porter le masque que lui tendait le carabinier, et encore moins interrompre le service.
«C’est un abus de pouvoir, a-t-il lancé. Nous sommes 13 ici dans un espace de 300 mètres carrés. Il n’y a pas de foule. Tout le monde a son masque, je ne touche pas l’Eucharistie avec les mains!» Après l’homélie, un des deux représentants des forces de l’ordre est revenu à l’autel pour demander à Don Lino de faire sortir les fidèles, mais le prêtre s’est à nouveau mis en colère.
Ensuite, Gabriele Gallina, le maire de la commune, a également tenté d’intervenir, par téléphone, mais le Père Lino n’a pas voulu lui parler non plus: «Je suis en train de dire la messe, a-t-il dit au carabinier, le maire appellera plus tard. Maintenant, je ne peux pas». Le prêtre a invité les deux carabiniers à quitter l’église: «C’est un lieu sacré et c’est une invasion du pouvoir. Faites votre devoir à l’extérieur, puis nous en reparlerons».
Le prêtre, très amer, relève qu’il n’y avait «que six personnes en plus, des membres de la famille d’une personne décédée du Covid-19» qui n’avait pas pu avoir d’enterrement. «Je ne pouvais pas les renvoyer. (…) Je n’ai jamais vu une telle profanation en 80 ans et depuis 55 ans que je célèbre la messe !»
Selon la presse italienne, l’incident de Soncino ne serait pas l’unique cas d’un prêtre en révolte contre l’interdiction de célébrer la messe en présence de fidèles: à Plaisance (Piacenza, en Emilie-Romagne) un autre curé a dit la messe en présence d’une vingtaine de fidèles. Dans ce cas, rapportent les médias italiens, il semble que pendant l’homélie, les gens étaient invités «à aller à l’église» et «à ne pas payer les amendes».
Dans une note publiée le 20 avril 2020, le diocèse de Crémone, «bien que conscient de l’intime souffrance et du profond malaise de tant de prêtres et de fidèles à cause de la privation forcée et prolongée de l’Eucharistie», écrit qu’il «ne peut que souligner avec regret que le comportement du curé [de Gallignano] est en contradiction avec les normes civiles et les indications canoniques qui, depuis plusieurs semaines maintenant, conditionnent la vie liturgique et sacramentelle de l’Eglise en Italie et de l’Eglise crémonaise».
Ecartée du gouvernement, la Lega, le parti d’extrême-droite de Matteo Salvini, cherche à tirer profit de la polémique, en prenant la défense des curés qui enfreignent la loi, mais cette attitude est qualifiée d’irresponsable par divers responsables politiques italiens. (cath.ch/be)
Jacques Berset
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