«Certaines personnes n’aiment pas les chrétiens qui enseignent le christianisme», surtout en ce qui concerne les sujets liés à la famille et à la vie, déclare George Pell interrogé sur les raisons pour lesquelles son procès a pris une telle tournure. Selon lui, «il y a des tentatives systématiques qui visent à supprimer les fondements judéo-chrétiens» de la société et la théorie du genre en est un exemple.
Pour le cardinal qui se dit «social-conservateur», «la guerre des cultures est réelle» et peut expliquer la tournure qu’a pris son procès. «Beaucoup de gens n’aiment pas mes positions», admet-il soulignant qu’il s’est exprimé à de nombreuses reprises sur des thématiques comme le mariage ou la protection de la vie, et ce par amour pour son pays. C’est selon lui pour cette raison que ses soutiens ont «cédé» notamment en deuxième instance.
Le cardinal australien déplore ainsi le manque de «discussions rationnelles» et le recours à «l’intimidation» en cas de désaccords: «ce n’est pas bon pour la démocratie», s’inquiète-t-il. Il accuse également la chaîne ABC d’avoir eu des positions partiales à son sujet. L»accablante présentation» de son cas constitue «une trahison de l’intérêt national», déclare-t-il en rappelant que la chaîne est en partie financée par les taxes des catholiques.
L’ancien préfet de Secrétariat pour l’économie confie ne pas savoir ce qui a motivé son accusateur, le deuxième plaignant étant mort. «Je me demande s’il a été instrumentalisé». En effet, le témoignage de cet homme porte en lui-même la preuve de sa fausseté, note-t-il.
«La mémoire est si faillible», continue le cardinal: quelque chose a pu arriver avec quelqu’un d’autre et dans un autre lieu et cela s’est transformé «en cet impossible scénario», avance-t-il pour expliquer l’origine de cette plainte. «Je ne sais pas quelles étaient les intentions de ce pauvre camarade», résume-t-il.
Interrogé sur le possible lien entre sa mission d’assainissement des finances vaticanes en tant que préfet du Secrétariat pour l’économie et sa condamnation, le prélat se montre prudent. Si beaucoup de personnes ayant travaillé avec lui font ce lien, «je n’ai aucune preuve de cela», déclare-t-il.
Il se réjouit par ailleurs que durant son incarcération, de nombreux scandales financiers aient été révélés mettant en lumière son travail et celui de son équipe. Alors qu’il était encore au Vatican, les auditeurs externes employés pour analyser les finances du petit Etat ont été à maintes reprises «mis de côté», révèle-t-il. Il se montre par ailleurs évasif sur le niveau de corruption du Vatican estimant qu’il est difficile de le quantifier.
Avec ce procès, le cardinal estime avoir été un «bouc émissaire», pour les «terribles crimes» commis au sein de l’Eglise en matière d’abus sexuels. Il regrette d’être souvent perçu comme quelqu’un qui s’opposait aux victimes.
Selon lui alors qu’il était archevêque de Melbourne, il a travaillé «très dur», dépensant «beaucoup d’énergie» pour offrir du temps, de l’aide et des compensations aux victimes d’abus sexuels. S’il a pu appeler à pardonner un prêtre pédophile c’était au nom du pardon chrétien. Le cardinal souligne également se réjouir que l’Eglise se soit attaquée au «cancer» des abus sexuels.
Durant ces 405 jours de prison, «je ne me suis jamais senti abandonné», a par ailleurs confié le prélat australien lorsqu’on l’interroge sur sa santé psychologique: des «milliers» de personnes l’ont porté dans la prière. C’est grâce d’ailleurs à ces soutiens de nombreux chrétiens, pour certains fortunés, que l’ancien préfet a pu prendre en charge sa défense. L’Eglise n’a rien payé, assure-t-il.
Si George Pell confie avoir été «très affecté» par ce procès, il dit ne pas se sentir «sérieusement blessé» puisqu’il a vécu cette incarcération en sachant qu’il était innocent. C’est en offrant ses souffrances qu’il a gardé l’espérance. Au lendemain de sa sortie de prison, il déclare se sentir «désolé» pour les accusateurs mais ne pas éprouver de colère à leur encontre. Cette expérience, raconte-t-il encore, lui a permis de s’intéresser aux personnes «faussement condamnées».
Le cardinal salue enfin le soutien du pape François durant cette affaire. Selon lui, le pontife estime son «honnêteté» et son «franc parler». «Je pense qu’il me respecte pour cela». (cath.ch/imedia/cg/mp)
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