Les Eglises de Suisse lancent un appel pour les réfugiés

Les Eglises catholique romaine, catholique chrétienne et protestantes de Suisse demandent, le 9 avril 2020, au Conseil fédéral que les réfugiés mineurs non accompagnés présents sur les îles grecques ayant de la parenté en Suisse puissent être rapidement évacués dans ce pays. La situation catastrophique des requérants d’asile en Grèce est aggravée par la pandémie de coronavirus.

«Face à l’extension de la pandémie, il n’y a pas de temps à perdre. Il faut agir vite, surtout en cette période pascale», notent les Eglises nationales dans un communiqué commun.

Des dizaines de milliers de réfugiés vivent sur les îles de la mer Égée dans des conditions indignes, dans des camps fermés et clôturés, rappellent les Eglises. L’infrastructure élémentaire en matière d’hygiène fait défaut, de sorte que la pandémie de coronavirus représente une menace terrible pour la vie de ces personnes.

Les trois Églises nationales appellent le Conseil fédéral et le monde politique à faire en sorte que les requérants d’asile mineurs non accompagnés (MNA) hébergés à Lesbos et dans d’autres lieux d’accueil de réfugiés soient rapidement regroupés avec leurs familles en Suisse. Jusqu’ici, seule une vingtaine de mineurs non accompagnés ayant de la parenté en Suisse ont été identifiés. Les chiffres réels des MNA sont cependant bien plus élevés. Il serait donc nécessaire que la Suisse officielle intensifie ses efforts pour identifier avec les autorités locales les personnes admissibles, avancent les Eglises dans leur appel de Pâques. «Nous appelons le Conseil fédéral à donner ces prochains jours un signe clair d’espoir et à accueillir en Suisse comme requérants d’asile ces jeunes réfugiés vulnérables et menacés vivant dans les camps grecs».

La responsabilité de la Suisse

Le fait que l’Europe n’ait pas encore trouvé de réponse commune à la catastrophe des réfugiés ne décharge pas la politique suisse de sa responsabilité, soulignent les Eglises. En vertu des accords de Schengen et de Dublin, la Suisse assume aussi une part de responsabilité dans la situation des réfugiés et de la population locale. Pour les institutions chrétiennes, une évacuation, ne serait-ce que d’un petit nombre de personnes ayant un lien avec la Suisse, serait donc absolument nécessaire. «Un acte d’humanité de la Suisse ne signifie pas faire cavalier seul dans la politique d’accueil des réfugiés en Europe», relève Gottfried Locher, président de l’Église évangélique réformée de Suisse (EERS). «En cette période pascale, la Suisse peut se montrer un modèle en Europe en termes d’humanité et d’attitude envers les réfugiés».

Les Eglises prêtes à accueillir les réfugiés

«Dans cette situation difficile, le message pascal donne du point de vue chrétien un signe d’espérance et de confiance : la mort n’a pas le dernier mot. Pâques offre au contraire une nouvelle dynamique de vie», relève Felix Gmür, président de la Conférence des évêques suisses (CES). Dans cet esprit, les Églises apportent leur aide par des collectes et au travers de leurs œuvres engagées sur place.

En de nombreux endroits en Suisse, des villes et des communes, des paroisses et des organisations d’entraide ecclésiales et non ecclésiales pourraient accueillir et prendre en charge ces personnes, assurent les Eglises. La population Suisse l’a régulièrement montré par le passé lors de nombreuses initiatives et projets d’aide. Les Églises sont prêtes à le faire. Elles attendent du Conseil fédéral un oui porteur d’espoir en faveur d’un geste généreux pour le bien des plus faibles. «C’est la vie – et non la mort – qui doit avoir le dernier mot, car le message pascal d’espérance vaut pour tous les êtres humains», conclut Harald Rein, évêque de l’Église catholique chrétienne en Suisse. (cath.ch/com/rz)

Raphaël Zbinden

Portail catholique suisse

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