La «communion spirituelle» se définit comme l’union à Jésus-Christ, non pas en la recevant sacramentellement, mais par un désir procédant d’une foi animée par la charité. «Elle peut produire beaucoup de fruit», précise le vicaire général du diocèse de Sion.
L’abbé Pierre-Yves Maillard souligne que l’enjeu, pour chacun, consiste donc à continuer à tenir ensemble ces deux choses: «nous pouvons véritablement vivre en communion avec le Christ durant ces semaines de confinement; mais comme il sera bon, ensuite, de revenir à la messe pour communier à nouveau sacramentellement à ce Corps!»
Il rappelle que les sacrements sont importants, car ils sont les moyens de salut ordinaires institués par le Christ. «Ils manifestent et communiquent aux hommes, surtout dans l’Eucharistie, le mystère de la communion de Dieu. Ils confèrent la grâce qu’ils signifient, et sont efficaces, parce qu’en eux le Christ est à l’œuvre. Et toutes nos directives diocésaines encouragent clairement la préparation et la réception des sacrements du baptême, de l’eucharistie ou de la confirmation!»
Mais d’autre part, le Catéchisme de l’Eglise catholique rappelle aussi que «Dieu a lié le salut au sacrement du baptême, mais il n’est pas lui-même lié à ses sacrements» (n. 1257). En d’autres termes, poursuit l’abbé Maillard, «Dieu peut agir autrement, et toute grâce n’est pas forcément sacramentelle. L’Eglise l’a compris dès les premiers siècles, en parlant par exemple du ‘baptême de désir’ pour ceux qui en avaient manifesté le souhait et mouraient avant d’avoir pu le recevoir».
Le vicaire général du diocèse de Sion rappelle qu’il avait écrit dans «Le Nouvelliste», suite à la parution en janvier dernier des statistiques révélant la diminution des baptêmes en Suisse, que Dieu «ne se limite pas aux sacrements et n’aime pas moins ceux qui ne sont pas baptisés».
Cette phrase avait suscité beaucoup de réactions et lui avaient valu, de la part de certains, une volée de bois vert, ne comprenant pas qu’un prêtre donne ainsi le sentiment d’ignorer la valeur des sacrements. «Il suffisait pourtant de lire l’entier de l’article pour voir que j’y rappelais aussi combien le baptême est ‘le don d’une grâce particulière à l’enfant’ (…) Les sacrements sont les moyens de salut ordinaires institués par le Christ».
Le quotidien valaisan rappelle également en première page, samedi 4 avril 2020, qu’en ce moment de pandémie du Covid-19, «la prière devient numérique». Le clergé valaisan s’adapte pour garder le lien avec ses croyants. «Célébrations en live, prières sur WhatsApp, réflexions en capsules vidéo ou audio: l’Eglise fait preuve d’une créativité toute 2.0».
Plus de célébrations, plus de prières en groupe, plus de chapelets récités entre amis au village. «Le coronavirus touche l’Eglise en plein cœur. Et pourtant, en Valais, elle ne baisse pas les bras. Bien au contraire: les initiatives fleurissent pour numériser la prière». «Un prêtre est présent pour la population en tout temps, même durant les crises et même si les moyens doivent changer», confie Pierre-Yves Pralong, curé des paroisses de Saint-Séverin/Plan-Conthey.
Le prêtre s’est tout de suite activé avec quelques paroissiens pour trouver des solutions pour ses fidèles. Chaque matin, il envoie un message spirituel à des centaines de croyants «abonnés», avant de diffuser sur YouTube une messe en direct de son salon réaménagé en coin sacré. Les chanoines du Grand-Saint-Bernard ont, eux, lancé sur WhatsApp, une chaîne de prière «spéciale coronavirus». D’autres enregistrent des méditations ou des chants.
La pandémie, qui force les gens à rester confinés chez eux, a certainement fait croître une certaine soif de spiritualité. «L’épreuve rapproche et révèle des choses présentes dans le cœur de chaque humain, mais qu’on a tendance à oublier quand tout va bien», déclare Pierre-Yves Maillard au quotidien valaisan. (cath.ch/nouvelliste/be)
Jacques Berset
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