L’évangile d’aujourd’hui nous place au cœur de la problématique de saint Jean: sous le regard du Christ, Lumière du monde, tout homme doit se positionner et prendre parti pour ou contre lui. Certains prétendent voir et savoir… mais ils tiennent à leurs vues humaines, et c’est à la lumière de leur sagesse étriquée qu’ils jaugent les œuvres de l’Envoyé de Dieu. S’ils refusent de croire en lui, ils ne pourront que constater l’aveuglement de leur cœur: «Nous ne savons pas d’où il est».
L’aveugle guéri, lui ne sait qu’une chose: l’homme qui lui a ouvert les yeux ne peut venir que de Dieu. Humble certitude qui tient dans un regard dont dépend la vie entière. En dépit des oppositions, le nouveau voyant doit encore affiner sa vue et discerner, au-delà de l’homme et du prophète, le Fils de l’homme et le Seigneur. Seule l’initiative toute gratuite de Jésus permettra d’accéder à cette vision personnelle de la foi: «Tu le vois, c’est lui qui te parle».
«Par le baptême, l’homme pécheur renaît de ses ténèbres natives à la lumière du Christ. Mais il doit encore apprendre à voir toutes choses avec le regard de la foi.»
Il y a en effet deux aveuglements: la cécité physiologique dont était frappé cet homme depuis sa naissance, mais également celle, probablement plus grave car elle n’est pas repérable immédiatement, du cœur et de l’esprit qui empêche d’accueillir l’inouï de Dieu.
Ici, il faudra deux rencontres, celle qui guérit et celle qui révèle. Mais entre temps, nous voyons un homme debout, qui ne se laisse pas impressionner par les menaces, mais perçoit l’extraordinaire de la geste de cet homme qui lui permettra de le nommer par un geste non moins évocateur.
Par le baptême, l’homme pécheur renaît de ses ténèbres natives à la lumière du Christ. Mais il doit encore apprendre à voir toutes choses avec le regard de la foi. Ainsi la vie chrétienne est-elle tout entière catéchuménale: lente montée, à travers le clair-obscur de ce monde, de la lumière reçue et entrevue jusqu’à la pleine clarté du Jour du Christ. Aveugles enfin guéris, lumières nées de la Lumière, nous pourrons alors, nous aussi, nous prosterner devant Lui.
Sœur Marie-Paule | Vendredi 20 mars 2020
Jn 9, 1.6-9.13-17.34-38
En ce temps-là,
en sortant du Temple,
Jésus vit sur son passage
un homme aveugle de naissance.
Il cracha à terre
et, avec la salive, il fit de la boue ;
puis il appliqua la boue sur les yeux de l’aveugle,
et lui dit :
« Va te laver à la piscine de Siloé »
– ce nom se traduit : Envoyé.
L’aveugle y alla donc, et il se lava ;
quand il revint, il voyait.
Ses voisins, et
ceux qui l’avaient observé auparavant
– car il était mendiant –
dirent alors :
« N’est-ce pas celui qui se tenait là pour mendier ? »
Les uns disaient :
« C’est lui. »
Les autres disaient :
« Pas du tout, c’est quelqu’un qui lui ressemble. »
Mais lui disait :
« C’est bien moi. »
On l’amène aux pharisiens, lui, l’ancien aveugle.
Or, c’était un jour de sabbat que Jésus avait fait de la boue
et lui avait ouvert les yeux.
À leur tour, les pharisiens lui demandaient comment il
pouvait voir.
Il leur répondit :
« Il m’a mis de la boue sur les yeux, je me suis lavé,
et je vois. »
Parmi les pharisiens, certains disaient :
« Cet homme-là n’est pas de Dieu,
puisqu’il n’observe pas le repos du sabbat. »
D’autres disaient :
« Comment un homme pécheur
peut-il accomplir des signes pareils ? »
Ainsi donc ils étaient divisés.
Alors ils s’adressent de nouveau à l’aveugle :
« Et toi, que dis-tu de lui,
puisqu’il t’a ouvert les yeux ? »
Il dit :
« C’est un prophète. »
Ils répliquèrent :
« Tu es tout entier dans le péché depuis ta naissance,
et tu nous fais la leçon ? »
Et ils le jetèrent dehors.
Jésus apprit
qu’ils l’avaient jeté dehors.
Il le retrouva et lui dit :
« Crois-tu au Fils de l’homme ? »
Il répondit :
« Et qui est-il, Seigneur,
pour que je croie en lui ? »
Jésus lui dit :
« Tu le vois,
et c’est lui qui te parle. »
Il dit :
« Je crois, Seigneur ! »
Et il se prosterna devant lui.
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