Pour certains primats et archevêques orthodoxes, le fait de communier au même calice ou embrasser les icônes est absolument sans danger et il n’y a aucune raison de s’en abstenir. Mais le Premier ministre slovaque Peter Pellegrini s’est dit prêt à imposer des sanctions contre l’Eglise orthodoxe des Terres tchèques et de Slovaquie si celle-ci ne se conforme pas aux mesures prises contre la propagation du coronavirus. Le chef du gouvernement a rappelé que la cellule de crise qu’il dirige a interdit tous les événements publics de masse, dont les offices religieux.
La Slovaquie a déclaré l’état d’urgence le 15 mars pour contenir l’épidémie de coronavirus, ordonnant la fermeture de tous les magasins à l’exception des magasins d’alimentation, des pharmacies, des banques, des stations d’essence et des bureaux de poste à partir de 6 heures du matin lundi 16 mars, a déclaré le Premier ministre Peter Pellegrini.
Tandis que les dirigeants de l’Eglise catholique-romaine en Slovaquie ont adopté les mesures exigées, l’Eglise orthodoxe des Terres tchèques et de Slovaquie, dont son primat Rastislav, métropolite de Prešov, a refusé d’annuler ses offices liturgiques.
Embrasser les saintes icônes ou communier au calice commun, «cela n’a jamais été, n’est pas et ne sera jamais une cause de maladie et de mort»!
Dans un message publié sur le site du diocèse de Prešov de l’Eglise orthodoxe des Terres tchèques et de Slovaquie, signé par le métropolite Rastislav et Georges, archevêque de Michalovce et Košice, l’Eglise orthodoxe en Slovaquie rappelle à ses fidèles qu’elle doit subvenir à leurs besoins spirituels, malgré les craintes liées au virus.
«Il est nécessaire de souligner pour tous ceux qui craignent d’être infectés lors des offices divins en embrassant les saintes icônes ou en communiant d’un calice commun, écrivent-ils, que la communion n’a jamais été, n’est pas et ne sera jamais une cause de maladie et de mort mais, au contraire, la source d’une nouvelle vie en Christ, de la rémission des péchés, et de la guérison de l’âme et du corps».
Le Premier ministre slovaque s’est dit surpris et déçu par le refus de coopérer aux mesures de prévention du Covid-19, relevant que «l’Eglise existe pour aider le peuple, non pour mettre la santé publique en danger au nom de l’adhésion égoïste à des traditions». Si les dirigeants de l’Eglise orthodoxe en Slovaquie ne changent pas d’avis, les autorités pourraient considérer les actions de cette Eglise comme une menace pour la santé publique et répondre avec les mesures appropriées, à savoir des sanctions.
L’Eglise affirme ne pas vouloir changer son mode d’administration de la communion et ceux qui craignent de communier de la même cuiller sont encouragés à demander à leurs pères spirituels comment renforcer leur foi.
En Crète, malgré le coronavirus, les églises orthodoxes, rattachées au Patriarcat œcuménique de Constantinople, restent pour le moment ouvertes. Afin de réévaluer ses décisions en raison de l’augmentation exponentielle des cas de coronavirus, le Saint-Synode permanent de l’Eglise de Grèce, réuni en session extraordinaire le 16 mars 2020 sous la présidence de Jérôme, archevêque d’Athènes et de toute la Grèce, a tout de même décidé que les églises resteront ouvertes pour la prière privée des fidèles.
Il demande cependant à tous et particulièrement aux personnes âgées et ceux qui appartiennent à des groupes vulnérables de la population de rester à la maison, afin d’éviter les contacts avec d’autres personnes. «Chacun doit se ressentir comme porteur du virus en question, qu’il doit ne pas transmettre à son voisin, de telle façon à protéger ses semblables et aussi lui-même».
«Avec un sentiment de responsabilité pastorale», le Saint-Synode suggère la «célébration concise» de la Divine Liturgie dès dimanche 22 mars jusqu’au samedi de Lazare, le 11 avril 2020, de même que le jour de la fête de l’Annonciation. Tous les autres offices quotidiens et tous les baptêmes et mariages prévus sont reportés provisoirement. Ces sacrements, en cas de besoin, seront célébrés en présence unique et exclusive des parents, du parrain et du paranymphe, (à savoir celui qui est auprès du fiancé lors du mariage). Les enterrements auront lieu dans les églises, en la seule présence de la famille proche du défunt.
Le Saint-Synode déclare adopter toutes les mesures que prend immédiatement l’Etat grec pour affronter la propagation du virus et fera de même, en cas d’autres indications relatives à l’évolution du virus dans l’avenir immédiat. Il souligne à nouveau que le devoir de tous est le respect des règles d’hygiène et des prescriptions des services de santé publique et dit «apprécier le discernement avec lequel l’Etat exprime son respect envers le sentiment religieux des fidèles de notre Eglise».
Le Saint-Synode permanent exhorte les fidèles, chaque soir, à prier dans leurs maisons pour «la pleine disparition de cette terrible épreuve», la cessation de la maladie, le renforcement du travail des médecins, du personnel médical, des scientifiques et des chercheurs, qu’il remercie avec gratitude et bénit.
Peu après la décision du Saint-Synode de l’Eglise orthodoxe grecque maintenant les liturgies dominicales, le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis a décrété que les liturgies de toute confession et de toute religion sont suspendues dans tous les lieux de culte. Les églises resteront ouvertes uniquement pour la prière personnelle. «La protection de la santé publique impose des décisions claires», assène le gouvernement grec. (cath.ch/orthodoxie.com/be)
Jacques Berset
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