Accusé de viol, l’ancien évêque indien Mgr Mulakkal va être jugé

Le tribunal de Kottayam, au Kerala, a rejeté lundi 16 mars la requête en décharge déposée par l’ancien évêque de Jalandhar (Pendjab) accusé d’avoir violé une religieuse du Kerala entre 2014 et 2016. Celui-ci devrait donc enfin être jugé.

Le tribunal de district de Kottayam, au Kerala (sud de l’Inde), a rejeté lundi 16 mars la requête en décharge déposée par Mgr Franco Mulakkal, ancien évêque de Jalandhar, dans le Penjab (nord-ouest), accusé, depuis septembre 2018, d’avoir violé une religieuse du Kerala à plusieurs reprises entre 2014 et 2016. Cette décision de justice oblige désormais Mgr Mulakkal, 55 ans, à être jugé au cours d’un procès qui devrait commencer bientôt.

L’avocat de Mgr Mulakkal avait déposé le 25 janvier dernier une requête auprès du tribunal de district de Tottayam pour rejeter toutes les accusations portées contre l’ancien évêque. Mgr Mulakkal, qui est en liberté sous caution depuis le 16 octobre 2018, avait même demandé au tribunal de rejeter les accusations sans le faire comparaître.

Son avocat a fait valoir que les accusations dans cette affaire ne peuvent être maintenues car «elles ne sont fondées que sur les déclarations de témoins qui éprouvent du ressentiment à l’encontre de l’évêque». L’avocat a également déclaré que la plupart des témoins dans cette affaire «n’ont pas de bonnes relations avec l’Eglise».

Intimidation criminelle

Mgr Mulakkal est accusé «de séquestration et de viol d’une femme dans l’incapacité de donner son consentement». Il est accusé également d’avoir causé «des lésions corporelles graves» pendant les viols, et «d’intimidation criminelle».

En effet, un prêtre indien, témoin clé dans cette affaire, a été retrouvé mort en octobre 2018. Et une religieuse, gravement menacée après qu’elle a accepté de témoigner dans ce procès contre l’ancien évêque, a dû être placée sous protection policière.

Le procès de Mgr Mulakkal aurait dû commencer le 11 novembre 2019. Mais celui-ci a tout fait pour retarder cette échéance. Son procès a ainsi été repoussé une première fois au 30 novembre 2019, puis à nouveau repoussé à plusieurs reprises jusqu’au 25 janvier dernier. Mgr Mulakkal n’a comparu devant le tribunal qu’une seule fois, le 30 novembre dernier.

La religieuse est fortement soutenue par d’autres sœurs et des associations d’aide aux victimes de violences sexuelles | © capture d’écran

L’affaire est jugée au Kerala parce que les crimes présumés ont eu lieu dans un couvent de missionnaires de Jésus à Kuravilangad, près de Kottayam, où la victime vit désormais auprès de cinq religieuses qui la soutiennent.

Si Mgr Mulakkal le veut, il peut encore faire appel devant la Haute Cour du Kerala à Kochi (Cochin), puis devant la Cour suprême de New Delhi pour faire classer l’affaire.

De son côté, Roshan Joseph, président du Congrès pour le district de Gurdaspur (Pendjab, là où Mgr Mulakkal était évêque), a salué le 16 mars la décision du tribunal de Kottayam. «Les catholiques autochtones du Pendjab renouvellent leur demande de voir remplacer Mgr Mulakkal par un prélat indigène», a-t-il déclaré au quotidien Matters India.

Un dossier de 1’400 pages

La police du Kerala a déposé une plainte de 1’400 pages contre lui. Le dossier d’accusation mentionne 83 témoins, dont le cardinal George Alencherry, à la tête de l’Église syro-malabare, trois évêques, onze prêtres et de nombreuses religieuses.

Après cette décision du tribunal de Kottayam du 16 mars, la demande de révocation de Mgr Mulakkal en tant qu’évêque devrait s’accélérer. «La Conférence des évêques de l’Inde devrait montrer le courage de le retirer de l’épiscopat en vue des accusations du tribunal», a déclaré par communiqué le 16 mars Felix Pulloodan, co-organisateur du mouvement Save our Sisters. (cath.ch/cx/cl/cp)

Carole Pirker

Portail catholique suisse

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