«Un Santo al giorno toglie il virus di torno" (Un saint chaque jour, éloigne le virus tout court). C’est le titre de la dernière initiative en date, lancée par un des prêtres du diocèse de Lugano, pour rester spirituellement proches de ses fidèles, malgré la distance physique imposée par les autorités cantonales avec les mesures de lutte contre le coronavirus.
L’idée est issue de Don Marco Dania, le curé de la paroisse Saint-Nicolas de Flüe, au centre-ville de Lugano, en première ligne dans le développement d’une présence spirituelle virtuelle.
«Dans la situation d’urgence que nous vivons, je désirais témoigner à mes paroissiens davantage de proximité, précise don Marco. Depuis quelques mois, je collabore à une rubrique quotidienne d’homélies online; un projet qui récolte un beau succès. M’inspirant de cette modalité web simple, rapide et fiable. J’ai donc pensé d’offrir chaque jour une parole d’espérance en lien avec la vie d’un saint. C’est un petit geste que j’espère pourra contribuer à dépasser, au moins un peu, la distance actuelle avec les fidèles».
Ce n’est toutefois pas la première vidéo que l’ancien responsable de la pastorale jeunesse diocésaine a postée. Déjà le 14 mars, il avait proposé une méditation à partir de la figure de saint Nicolas de la Flüe, afin de rester proche de ses paroissiens. Et ceci sympathie: «Don Oreste Benzi, le fondateur de la Communauté Jean XXIII, une association sociale italienne active dans le domaine de la jeunesse et du handicap, nous invitait à prophétiser le Christ avec sympathie. C’est ce que j’essaie de faire à travers ces brevès vidéos».
C’est un moyen de transmettre un message de confiance, de résilience, pour ces jours où nous resterons barricadés, invoquant l’intercession des saints».
Don Marco Dania
Avec un brin de légèreté, ce qui ne signifie toutefois pas de la superficialité. «C’est un moyen de transmettre un message de confiance, de résilience, dans ce moment où nous resterons barricadés, invoquant l’intercession des saints», explique don Marco. «Comme curé de l’église de Saint Nicolas de Flüe, j’ai demandé à mes paroissiens de s’adresser au Seigneur avec la merveilleuse prière que le patron de la Suisse nous a laissé. Je les ai ainsi invités à créer un petit ermitage à la maison, pour y vivre ce carême, tout en imitant Saint Nicolas, pour rester en communion avec ceux qui souffrent.
Un figure de sainteté inspirant pour ce temps de renferment chez soi. «Certes, Saint Nicolas était un ermite, mais il ne faut pas oublier que son ermitage était situé juste à quelques centaines de mètres de chez lui», rappelle don Marco. «En ces jours où nous sommes obligés de rester chez nous pour éviter les contacts, j’ai demandé de créer dans les maisons un petit ermitage pour y vivre ce carême, tout en imitant saint Nicolas, en intimité avec le Seigneur et pour rester en communion avec ceux qui souffrent.»
Les vidéos ne sont pas la seule initiative lancée par ce prêtre tessinois, pour faire face à cette période de renoncement forcé aux célébrations communautaires.
«Tout le monde est renfermé chez lui. Étant donné que nous ne pouvons ni rencontrer les personnes, ni visiter les malades dans les hôpitaux, nous proposons d’autres formes de prières, comme l’adoration permanente du Saint-Sacrement, grâce à notre tabernacle qui devient un ostensoir, et un dispositif qui permette de garder la distance sociale requise».
Un autre élément de «présence distancée» très important est le maintien du son habituel des cloches. «Comme l’a rappelé notre évêque dans son dernier communiqué – poursuit don Marco – les cloches ne cesserons pas de sonner. Ceci rappellera à tous les fidèles que l’Eucharistie continuera à être célébrée pour tout le peuple de Dieu et que chacun, tout en restant chez lui, pourra s’unir spirituellement à ces célébrations».
La paroisse garantit en effet les eucharisties en semaine ainsi que les trois messes dominicales, toutes à huis clos. Un choix pastoral clair qui met en évidence la prise de conscience de l’importance de la communion ecclésiale, au delà de la distance physique.
«Dans notre paroisse, chaque soir à 19h, les cloches de notre église sonnerons la mélodie de l’Ave Maria de Lourdes, précise le prêtre luganais. L’attention portée à cet humble appel est un autre petit geste. Il envisage d’inviter les fidèles à un moment de recueillement au terme de la journée ou de s’associer à la prière du rosaire».
En ce moment, il est bon, pour nous les prêtres, de retrouver une intimité avec le Seigneur, en redécouvrant notre vocation sacerdotale au service du monde entier.
Don Marco Dania
Des instants de prière individuelle proposés par l’évêque et que don Marco essaye de mettre en place aussi à l’église. «Nous sommes aussi en train de réfléchir comment garantir la présence des prêtres dans les églises pour prier ou célébrer les confessions, toujours dans le respect des normes sanitaires en vigueur.
La situation d’urgence impose aux prêtres tessoinois de réinventer le quotidien. Mais dans toutes ces difficultés, il entrevoit aussi un aspect positif. «Il est bon, pour nous les prêtres, de retrouver une intimité avec le Seigneur, en redécouvrant notre vocation sacerdotale au service du monde entier. Dans cette nouvelle solitude qui nous est imposée, je pense que mes confrères qui se sentent fatigués ou en crise peuvent aussi redécouvrir un sens et la joie dans leur ministère sacerdotal».
Au-delà des moyens technologiques, l’objectif reste le même: soutenir et aider les fidèles à demeurer dans l’espérance et en relation avec Dieu. Le tout, soutenu par un profond sens de la solidarité: «Dans la prière eucharistique numéro 3, il y a une phrase qui me touche profondément, et davantage en ce moment: ‘Tu es vraiment saint, Dieu de l’univers, et toute la création proclame ta louange, car c’est toi qui donnes la vie, (…) et tu ne cesses de rassembler ton peuple, afin qu’il te présente partout dans le monde une offrande pure’. Dans l’Eucharistie, même si le célébrant est seul, il prête sa voix à tous les habitants de la terre», affirme don Marco Dania.
Une situation d’urgence et de crise pour laquelle don Marco entrevoit aussi une inspiration pour la vie de l’Eglise: «Dans le débat sur la crise des vocations, cette circonstance difficile peut nous permettre de redécouvrir la richesse d’un prêtre célibataire. Ce qu’on pourrait interpréter comme une réponse qui nous est donnée à propos du célibat ministériel. Car nous sommes là, présents, 24h sur 24h, comme lui, pour tous les hommes et le femmes de ce monde», conclut le prêtre tessinois. (cath.ch/dp)
Davide Pesenti
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