Par cette initiative, l’Eglise veut rompre avec la tradition qui consiste à toujours compter sur l’extérieur pour apporter les premiers secours aux populations dans le besoin. «En termes clairs, quelle que soit l’importance d’une urgence au Sénégal, sans l’aide de ses partenaires, l’Eglise n’a aucun moyen d’intervention. C’est cette forte dépendance de l’extérieur que le Fonds d’urgence Sénégal a vocation à atténuer», a souligné Caritas Sénégal, dans un communiqué.
Avant le Sénégal, les Eglises catholiques d’autres pays africains, tels que le Burkina Faso, le Rwanda, le Burundi et le Niger, ont mis en place des fonds d’urgence pour leurs Caritas ou leur équivalents locaux.
Pays sahélien, le Sénégal est régulièrement confronté à des déficits pluviométriques qui rendent les populations rurales vulnérables face à la famine. Durant la période 2008-2018, Caritas Sénégal, avec l’aide de ses partenaires et du réseau Caritas, a réalisé une dizaine de projets d’urgence au profit des populations vivant dans le besoin, pour un financement global de 1,5 milliard de francs CFA (2,4 millions CHF). Quelque 214’000 personnes ont bénéficié directement de ces réalisations.
La campagne de collecte de fonds de l’Eglise va durer jusqu’au 22 mars prochain. Elle sera menée dans les paroisses et autres structures de l’Eglise. Les évêques, prêtres, responsables d’organisations, d’associations ou de mouvements diocésains ont été invités à la soutenir.
Des quêtes seront également menées auprès des entreprises, fondations, organisations, ainsi qu’auprès de personnalités. Une soirée de récolte de fonds sera aussi organisée dans le même cadre.Dans une note de présentation, Caritas Sénégal a expliqué que le futur fonds d’urgence permettra notamment, d’acheter et de livrer des produits vivriers aux populations démunies, de recenser, analyser et transmettre des informations sur les situations d’urgence.
Dans une déclaration conjointe de Mgr Jean-Pierre Bassène, président de Caritas Sénégal, et évêque de Kolda, au sud-est du pays, et de Mgr Benjamin Ndiaye, archevêque de Dakar, ont rappelé que le Sénégal, à l’image d’autres pays du Sahel, est régulièrement exposé à des chocs d’ordre alimentaire et nutritionnel.
Les raisons sont nombreuses, dont notamment la faiblesse des précipitations, le décalage de l’hivernage, la fréquence des pauses pluviométriques, sans compter les inondations. Autant d’effets du changement climatique auxquels il faut faire face. Le dernier hivernage, de ce point de vue, n’a pas répondu aux attentes des populations rurales de notre pays. D’une région à l’autre, les récoltes sont en-deçà de ce qui est nécessaire à de nombreuses familles pour se nourrir décemment. Cette situation laisse présager une période de soudure difficile.
La déclaration qui a été publiée lors d’une conférence de presse de lancement de la campagne de récolte de fonds, a ajouté que l’Etat du Sénégal, conscient de la situation de vulnérabilité de certaines populations, a élaboré avec ses partenaires dont Caritas Sénégal, un Plan national de riposte (PNR) pour assister au plus vite 360’000 personnes en situation de crise alimentaire. Certaines d’entre elles sont déjà en situation de vulnérabilité, tandis que d’autres le seront dans les mois à venir. (cath.ch/ibc/bh)
Ibrahima Cisse
Portail catholique suisse
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