La situation de sécheresse que connaît le pays et l’effondrement économique général sont quelques-uns des facteurs importants qui ont conduit à l’insécurité alimentaire, note Mgr Ndlovu, qui est également président de la Conférence des évêques catholiques du Zimbabwe (ZCBC).
En 2019, à cause du phénomène climatique El Nino, qui a influencé les températures et les précipitations, les pluies sont arrivées tardivement en Afrique australe, affectant sérieusement les récoltes. Selon, le Programme alimentaire mondial (PAM), jusqu’à 45 millions de personnes en Afrique australe (Malawi, Zimbabwe, Botswana, Zambie, Afrique du Sud, Eswatini (Swaziland), Lesotho, Mozambique, entre autres) devraient souffrir de pénuries alimentaires en 2020.
Des millions d’enfants scolarisés, de réfugiés et de familles pauvres seront les plus exposés aux effets de cette insécurité alimentaire qui menace la sous-région.
Au Zimbabwe, ce seront près de 8 millions d’habitants qui seront confrontés à l’insécurité alimentaire. Cela signifie que la moitié de la population du pays n’aura pas assez de nourriture. Pour le PAM, les facteurs qui ont exacerbé la situation de la sécurité alimentaire du Zimbabwe sont multiples. En plus du déficit pluviométrique, le pays souffre d’une mauvaise situation économique, avec un faible revenu et une économie sous-perfusion.
Comme conséquences, le Zimbabwe connaît pauvreté généralisée, une forte présence du VIH sida, des possibilités d’emploi limitées, et un grave problème de liquidités. Les chocs récurrents des changements climatiques et l’instabilité économique contribuent à limiter l’accès adéquat à la nourriture. Le réseau des systèmes d’alerte précoce contre la famine a classé la situation actuelle à la phase 3 de crise alimentaire, qui affectera la majeure partie du pays, soit le niveau intermédiaire avant celui de famine à part entière.
Dans son rapport 2019, Global Hunger Index, l’Indice de la faim dans le monde a classé le Zimbabwe à la 109e place sur 117 pays. Il fait aussi partie des pays où le taux de sous-alimentation, évalué entre 49,3 et 59,6%, est le plus élevés. Il partage cette évaluation avec Haïti et la République centrafricaine. Le gouvernement du Zimbabwe a déjà annoncé que les stocks de céréales sont faibles et que ceux qui le peuvent sont encouragés à importer des céréales et d’autres produits de base.
Lors d’une conférence de presse à Harare, la capitale, le 27 février 2020, Mgr Robert Ndlovu, a déclaré que la ZCBC joignait sa voix à celle du gouvernement pour lancer cet appel «au nom des personnes de toutes les races, cultures, genres et religions au Zimbabwe qui sont et qui seront bientôt dans le besoin urgent de nourriture».
Mgr Robert Ndlovu a rappelé que la Caritas locale avait lancé un appel d’urgence, qui a déjà permis de recueillir 200’000 Dollars (193’000 CHF), mais que ce montant était loin de suffire pour nourrir des millions de personnes affamées. «Notre objectif est de toucher autant de victimes de la sécheresse que possible», a-t-il fait remarquer, avant d’ajouter que l’Eglise catholique veut mobiliser une aide alimentaire suffisante pour faire «une différence dans la vie des millions de personnes qui souffrent de la famine, notamment les enfants, les femmes et les personnes vivant avec le VIH sida». (cath.ch/ibc/be)
Ibrahima Cisse
Portail catholique suisse
https://www.cath.ch/newsf/zimbabwe-sos-des-eveques-la-famine-menace-8-millions-de-personnes/