«L’UE nous a aidés face à certaines crises politiques, mais sur la question des migrants, elle a fait preuve d’une grande incohérence», a déclaré l’archevêque d’Athènes, Sevastianos Rossolatos, président de la conférence des évêques catholiques de Grèce, selon le site de l’hebdomadaire catholique anglais The Tablet. «Les Eglises européennes devraient élever la voix plus clairement et montrer comment ces flux humains résultent de conflits causés ou entretenus par l’Occident – du commerce des armes des grandes puissances, de l’exploitation des ressources et du soutien occidental aux gouvernements qui oppriment leurs citoyens».
L’archevêque de 75 ans s’est exprimé alors que le gouvernement de centre-droit du premier ministre Kyriakos Mitsotakis, au pouvoir depuis juillet, a annoncé des mesures plus strictes pour contrôler les migrations suite à une nouvelle recrudescence des arrivées en septembre dernier, notamment l’ouverture de centres de détention sur les îles périphériques de la mer Égée comme Lesbos, Chios et Samos.
Il a déclaré que l’arrivée de migrants avait quadruplé le nombre de catholiques, qui s’élève désormais à 200’000, répartis dans six diocèses. L’Eglise catholique, qui ne représente que 3% de la population grecque de 11 millions d’habitants, n’a pas suffisamment de prêtres ni de fonds pour assurer une pastorale adéquate. Il appelle les dirigeants des Eglises occidentales à «dire la vérité et à partager les engagements».
«La situation économique et financière actuelle reste très grave ici, avec des centaines de milliers de chômeurs et des jeunes qui émigrent en masse vers l’Occident», déplore Mgr Rossolatos. «Nous nous concentrons sur la formation d’une nouvelle génération de fidèles plus enracinés et plus à l’aise dans le pays, maîtrisant sa culture et sa langue. Nos écoles catholiques ont acquis une réputation enviable en Grèce en essayant de servir au mieux les besoins humains des citoyens. Mais notre objectif de créer une véritable Eglise catholique, sans barrières nationales, n’est pas simple, car les besoins pastoraux sont si divers».
L’Église catholique et d’autres minorités religieuses se plaignent depuis longtemps de la discrimination en Grèce, où l’Eglise orthodoxe revendique 95 % de la population et résiste farouchement à toute modification de sa position dominante.
Selon l’archevêque, les réfugiés chrétiens sont souvent «discriminés par les autres réfugiés en raison de leur foi». Les liens restaient tendus avec les dirigeants orthodoxes, qui considérent les catholiques «comme de simples hérétiques aux sacrements invalides». (cath.ch/thetablet/jl/cp)
Carole Pirker
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