La réaction du président brésilien Jair Bolsonaro à la publication de l’exhortation apostolique Querida Amazonia, était attendue. Elle n’a pas déçu, ni surpris. Dans le document publié le 12 février 2020, le pape François avait en effet indiqué qu’il reconnaissait le rôle de gardiens de la forêt amazonienne aux peuples indigènes. Il a aussi clairement dénoncé «les opérations économiques, nationales et internationales, qui abîment l’Amazonie et ne respectent pas les droits des peuples natif, et auxquelles il faut attribuer les qualificatifs justes: injustice et crime».
Le lendemain, au cours d’une transmission en direct sur les réseaux sociaux, dans laquelle il apparaît dans la bibliothèque du Palais présidentiel vêtu… du maillot de son club de football préféré, le chef de l’Exécutif a une nouvelle fois fait vibrer la corde nationaliste en affirmant que «l’Amazonie est à nous, au contraire de qu’affirme le pape qui dit que l’Amazonie est à lui, au monde, à tout le monde. D’accord? L’Amazonie est à nous, et nous voulons la préserver et faire ce que nous faisons maintenant c’est à dire exploiter ses ressources de manière durable».
Les prises de positions critiques du pape François interviennent alors que le 5 février, un projet de loi qui propose que les terres indigènes, même officiellement protégées, soient ouvertes à l’exploitation minière, pétrolière et à l’agriculture, entre autres activités extractives. Le texte, qui sera bientôt examiné par le Congrès National, aborde ainsi l’un des thèmes récurrents portés par le chef de l’Exécutif depuis son élection, en janvier 2019. Un président Bolsonaro qui n’a d’ailleurs cessé d’affirmer que la taille des terres indigènes démarquées dans le pays était «abusive».
Repoussant les critiques de ses détracteurs, notamment le doublement de la déforestation en janvier 2020, (+108%), le leader de l’extrême droite a au contraire évoqué la création du «Conseil National de l’Amazonie», chargé d’organiser les actions entre ministères pour «la protection, la défense et le développement durable» de la région forestière. La structure, censée rassurer l’opinion internationale sur les préoccupations écologiques du gouvernement actuel, sera placée sous la responsabilité du vice-président du Brésil, le Général Hamilton Mourão.
Lors de son intervention, le président brésilien a également évoqué une anecdote concernant la publication de l’exhortation apostolique. «Par coïncidence, j’étais avec l’ambassadeur d’Argentine le jour de la parution du texte, a-t-il souri. Je lui ai dit: «Le pape est argentin, mais Dieu est brésilien!»
Le lendemain, dans le cadre d’une conférence de presse, le président brésilien est revenu de manière extrêmement virulente sur les critiques et les doutes émis sur sa gestion de la forêt amazonienne par l’organisation de GreenPeace. «C’est qui Greenpeace?» a t-il lancé. «C’est qui cette saleté nommée Greenpeace? C’est une poubelle!»
Lors de la même intervention, Jair Bolsonaro a également épinglé les écologistes en évoquant les incendies en Australie. «La forêt (amazonienne) humide ne prend pas feu. Personne ne parle de l’Australie. L’Australie toute entière brûle et personne n’en parle. Pourquoi pas un synode de l’Australie?». (cath.ch/jcg/mp)
Jean-Claude Gérez
Portail catholique suisse
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