Après le Forum de Davos, le Vatican a «de l'espoir»

Selon le Père Augusto Zampini Davies, qui représentait le Vatican au dernier Forum de Davos (WEF), de nombreux dirigeants mondiaux ont changé leur perception du monde et de l’économie. Les religions sont également de plus en plus considérées dans cet événement annuel.

«Il y avait quelque chose de différent à Davos, cette année», confie Augusto Zampini Davies au site internet américain Crux, le 9 février 2020. «Si nous continuons à mettre la pression, à nous aider les uns les autres, je pense que nous pourrons voir une transformation radicale», a jouté le responsable du secteur «paix et développement» au Dicastère pour le service du développement humain intégral, dirigé par le cardinal Peter Turkson.

Laudato si’, une parole de référence

Le prêtre argentin représentait le Vatican dans le grand raout du monde économique qui a réuni, du 21 au 24 janvier 2020 à Davos, les plus influentes personnalités de la planète dans ce domaine. Une mission qui n’a pas toujours convaincu le responsable de l’Eglise. Le prêtre assure qu’il y a trois ans, il doutait que le Saint-Siège ait vraiment sa place dans cet événement. Son rôle est aujourd’hui cependant devenu plus clair. «Au début, ils ne faisaient que de nous placer dans des groupes de discussions avec d’autres représentants religieux. C’est certes important, mais il se trouve que nous sommes globalement déjà sur la même ligne, et nous n’avons pas besoin d’être à Davos pour nous parler». Or Augusto Zampini Davies a un jour fait cette remarque aux organisateurs. Ces derniers ont compris le message et, depuis lors, la délégation vaticane a pris une part de plus en plus active aux débats. Mais «nous ne venons pas pour donner des leçons, mais pour écouter, comprendre et, quand il le faut, donner des conseils», note l’Argentin. Le WEF 2020 a en effet abordé pour la première fois la question de la persécution des chrétiens dans le monde. Mgr Pietro Parolin, secrétaire d’Etat du Saint-Siège, avait également été invité pour l’édition 2017 de la manifestation.

Augusto Zampini Davies a remarqué que la parole de l’Eglise était de plus en plus entendue chez les décideurs économiques. Nombre d’entre eux citant par exemple parfois l’encyclique du pape François Laudato si’ pour fonder leurs propos, notamment la phrase concernant la nécessité d’entendre les «clameurs» de la terre et des pauvres. Concrètement, dans le monde de la finance, de plus en plus de personnes parlent des «investissements responsables», aussi bien sur le plan environnemental, que social et politique, assure Augusto Zampini Davies.

A Assise pour une économie humaine

Il note toutefois que le Vatican n’est pas un parti politique et n’a pas de programme économique précis. Même si des lignes plus claires devraient se dessiner à Assise en mars 2020, dans le cadre de la rencontre «L’économie de François». De jeunes économistes et entrepreneurs du monde entier sont invités dans la ville italienne pour «étudier et pratiquer une économie différente, qui fasse vivre et non pas mourir, qui inclue et non pas exclue, qui humanise et non pas déshumanise, qui prenne soin de la création sans la piller».

Pour le prêtre argentin, après le dernier WEF, beaucoup de choses sont encore à accomplir. Ce qui ne peut pas être fait, selon lui, par «bribes», mais par un «changement radical» réalisé «en une génération». «Mais beaucoup ont déjà commencé à changer, salue le responsable vatican. Et nous pouvons aider à accélérer ces changements». (cath.ch/crux/rz)

Raphaël Zbinden

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