Selon les médias burkinabè, et l’Agence d’information du Burkina, la création du bureau ecclésiastique sur les abus sexuels fait suite à une recommandation du pape François, qui a promulgué, en mai 2019, une lettre pastorale relative à la protection des mineurs et des personnes vulnérables.
Le bureau est composé de trois membres: un évêque, Mgr Marius Kinda, pénitencier diocésain, un prêtre, l’abbé Alfred Ouédraogo, vicaire général, et un jésuites, le révérend Père Jean Ilboudo. Ils peuvent exploiter toute allégation de cas présumés de viols, d’attouchements ou tout autre forme d’abus sexuels qui seraient par ou des membres de l’Eglise catholique burkinabè sur des mineurs, personnes vulnérables ou même adultes hommes, femmes, jeunes filles.
Le décret de création du bureau ecclésiastique exhorte toute personne qui possèderait des informations ou des soupçons fondés sur des abus sexuels ou scandales sexuels à le signaler. Les dénonciations pourraient se faire oralement ou par écrit. Leurs auteurs seront «protégés par une obligation de confidentialité et de respect». «C’est pourquoi, un comité ad hoc composé de personnes ressources qualifiées (juristes, avocats, psychologues) a été constitué pour collaborer avec le bureau ecclésiastique», a précisé le texte.
Au Burkina Fao, l’Eglise catholique n’a pas encore enregistré de cas avéré d’abus sexuels en son sein. Mais, comme dans d’autres pays d’Afrique, des actes cachés ne sont pas à exclure. En mars 2017, une enquête de journalistes français (Mediapart, We report, Cash investigation) avait révélé qu’au moins 25 évêques français ont couvert pendant des années plus d’une trentaine de religieux, auteurs d’abus sexuels en Afrique.
Les auteurs présumés ont été régulièrement mutés vers un autre pays pour échapper à l’exposition judiciaire et médiatique, et pour leur donner «une seconde chance». Des cas similaires ont eu lieu au Sénégal, au Maroc, au Burkina Faso, avait rapporté radio France internationale sur son site.
L’exemple du prêtre belge, le père Luk Delft, de Caritas Centrafrique, illustre bien le sujet: condamné pour pédophilie, puis libéré, dans son pays, il s’est retrouvé à la Caritas Centrafrique, en 2013. Deux ans plus tard, en 2015, il a été promu secrétaire exécutif national de l’association des Caritas du pays. Mais, depuis quelques semaines, son cas défraie la chronique, à la suite de présumés cas d’abus sur des enfants.
Dans une note explicative, le cardinal Philippe Ouédraogo a rappelé que le Christ appelle «chaque fidèle à être un exemple lumineux de vertu, d’intégrité et de sainteté». «Les crimes d’abus sexuels offensent notre Seigneur, causent des dommages physiques, psychologiques et spirituels aux victimes et portent atteinte à la communauté des fidèles», a-t-il poursuivi. En conclusion, il a estimé que «ces phénomènes, sous toutes leurs formes, ne se reproduisent plus, il faut une conversion continue et profonde des cœurs».
Avant le Burkina Faso, l’Île Maurice, un autre pays d’Afrique, situé dans l’océan indien, avait appliqué la recommandation du pape François, en prenant en juillet 2018, des mesures de lutte contre la pédophilie ou les allégations d’abus sexuel dans l’Eglise. (cath.ch/ibc/bh)
Ibrahima Cisse
Portail catholique suisse
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