Les faits semblent graves. Par prévention, l’évêque du diocèse, Mgr Charles Morerod, a relevé, le 4 février, le prêtre de ses fonctions de desservant de la cathédrale. Ainsi un des ecclésiastiques les plus en vue du diocèse se trouve sur le banc des accusés. Pourtant, dans un Etat de droit, prime la présomption d’innocence, aussi longtemps que la justice n’a pas statué.
De fait, domine l’impression de grisaille. Un prêtre en activité se voit suspendu et son ministère, apprécié, interrompu. Au-delà des accusations portées à son encontre, il semble que l’évêque lui-même est accusé. L’ «affaire du curé» devient, en quelque sorte, l’ «affaire de l’évêque». La ligne claire de Mgr Morerod pour lutter contre la pédophilie, ses prises de positions répétées en ce sens, la pose d’une plaque commémorative à la cathédrale de Fribourg (lieu de ministère du prêtre suspendu…), le mettent en danger. Il est suspecté de n’avoir pas fait le ménage comme il aurait fallu. Et d’anciennes affaires remontent à la surface.
C’est clair, l’Eglise catholique n’en a pas fini avec ses anciens démons. Alors qu’elle voit l’amaigrissement de ses effectifs, mais aussi une belle vitalité dans de nombreux secteurs, le tableau coloré d’une Eglise en marche semble voilé par une grisaille qui affecte son image, et donc sa mission. Les adeptes du gris ne voient pas la clarté qui peut en jaillir. Ou, pour le dire autrement, à trop voir le noir, on en oublie le blanc.
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