Les «recrudescences barbares» des haines antisémites dans la société actuelle est un des effets pervers de l’individualisme, a-t-il estimé à l’occasion des 75 ans de la libération du camp d’extermination d’Auschwitz. Ce complexe de camps dirigé par les SS a été libéré par l’Armée rouge le 27 janvier 1945. En cinq années, de 1940 à 1945, plus d’un million cent mille hommes, femmes et enfants ont trouvé la mort dans cet enfer, 90 % des victimes étant juives.
S’adressant à la délégation du Centre Simon Wiesenthal, une ONG basée à Los Angeles, aux Etats-Unis et créée en 1977, le pape François a appelé à faire silence pour écouter «la complainte de l’humanité souffrante».
Ce Centre contribue aussi à «maintenir vivante la mémoire de l’Holocauste», l’extermination des juifs d’Europe par le régime nazi et ses alliés. L’organisation américaine entretient depuis des années des contacts avec le Saint-Siège. Elle lutte aujourd’hui contre l’antisémitisme, le racisme et toute forme de rejet de l’autre.
La «résurgence barbare des actes antisémites» aujourd’hui doit nous pousser à «labourer le sol dans lequel grandit la haine et à semer la paix à la place», a déclaré le pape François aux membres de la délégation.
Le «terreau fertile» de ces haines est celui de l’individualisme, qui considère que «la vie est bonne tant que tout va bien pour moi», a expliqué le pontife.
Face à cet égoïsme qu’attisent «le particularisme et le populisme», il est important de proposer une solution qui s’appuie sur l’intégration et la compréhension de l’autre, a demandé le pape argentin. Il est donc urgent de réinsérer «ceux qui sont marginalisés, d’atteindre ceux qui sont éloignés, et d’aider ceux qui sont victimes d’intolérance et de discrimination», a-t-il expliqué.
«Notre société consumériste gaspille aussi des mots», a déclaré le pape François, appelant à «écouter en silence la complainte de l’humanité souffrante». Lui-même, a-t-il rappelé, s’était recueilli en silence à Auschwitz en 2016, car le silence «aide à maintenir vivante la mémoire» et que celui qui perd sa mémoire «détruit son avenir».
Le pontife a enfin rappelé le «riche patrimoine spirituel» commun des juifs et chrétiens mis en exergue par la déclaration conciliaire Nostra Aetate, affirmant que les deux communautés portaient la responsabilité de la lutte contre l’intolérance et la discrimination. Par «compassion pour ceux qui souffrent», a-t-il conclu, nous devons «coopérer à la défense des plus vulnérables» et semer la «fraternité». (cath.ch/imedia/cd/be)
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