Mgr Alain de Raemy, évêque auxiliaire de Lausanne, Genève et Fribourg (LGF), présidait la célébration dédiée aux chrétiens persécutés en raison de leur foi.
Entouré d’une dizaine de prêtres, au cours d’une célébration rehaussée par l’accompagnement musical de la quarantaine de membres du chœur d’enfants et de jeunes de Lucerne St. Anton/St. Michael dirigé par Thomas Walpen, Mgr de Raemy a été accueilli par une salve d’applaudissements de la foule des fidèles.
Au cours de son homélie, l’évêque des jeunes pour la Suisse a rappelé sa proximité avec les chrétiens persécutés, notamment grâce à son père aujourd’hui décédé, qui était un donateur de l’œuvre du Père van Straaten. C’était un homme convaincu de la nécessité pour un chrétien d’apporter secours et réconfort aux chrétiens persécutés et dans le besoin partout dans le monde.
Rappelant les paroles du Christ – «Père pardonne–leur car ils ne savent pas ce qu’ils font» (Luc 23,34) – prononcées immédiatement après son crucifixion entre deux malfaiteurs, Mgr de Raemy a évoqué le commandement du Père van Straaten au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale. Le fondateur d’Aide à l’Eglise en Détresse (AED/ACN) rappelait l’exigence chrétienne d’aimer ses ennemis et donc de venir en aide aux millions d’Allemands qui étaient arrivés des territoires d’Europe de l’Est fuyant l’Armée rouge et dénués de tout.
Suite à la célébration, Mgr de Raemy, responsable notamment de la Commission pour le dialogue avec les musulmans au sein de la Conférence des évêques suisses (CES), a évoqué les rencontres, alternativement en Iran et en Suisse, avec les responsables religieux chiites. «Il s’agit d’apprendre à mieux se connaître». Un dialogue interreligieux a été entamé dès 2005 par la Commission avec des ecclésiastiques et des érudits chiites iraniens.
Si les rapports sont cordiaux, la différence culturelle est bien présente: ainsi la notion de «martyr», qui est très différente dans le christianisme et dans l’islam. «C’est un thème brûlant…», a-t-il déclaré à la foule restée dans l’église après la célébration. Dans le sens ecclésial, a-t-il précisé, le martyr est celui qui a été mis à mort en raison de sa foi, et il doit y avoir la certitude qu’il a pardonné à ceux qui lui ont infligé la mort.
«Les Iraniens n’ont pas les mêmes notions, ce qui fait que notre vision du martyre, avec l’exigence du pardon du tortionnaire, est pour eux quasiment incompréhensible». Il en va de même en ce qui concerne les relations entre la religion et l’Etat. Lors de la 5e session de discussions entre l’Organisation pour la culture et les relations de l’islam et la Commission pour le dialogue avec les musulmans de la CES, en août 2017, Mgr de Raemy a expliqué ce que signifie pour l’Eglise la neutralité de l’Etat en matière de religion.
«J’ai dit que c’était ce qu’il y a de mieux pour la religion, car l’Etat ne doit pas imposer une religion… mais les interlocuteurs iraniens ont une autre vision, et pour eux, le musulman ne peut pas se convertir à une autre religion», ajoute-t-il.
L’évêque auxiliaire de LGF a, en revanche, relevé qu’il a pu déambuler dans la rue en habit ecclésiastique, avec sa croix pectorale bien en évidence. «L’accueil de la population était chaleureux, et on n’a jamais fait autant de photos avec moi qu’à cette occasion. En Iran, les chrétiens peuvent vivre leur religion, mais pas question de faire du prosélytisme!»
La collecte du jour d’AED/ACN était destinée à l’opération «Une goutte de lait», qui vise à assurer chaque mois aux enfants chrétiens d’Alep de moins de dix ans un approvisionnement en lait. (cath.ch/be)
En mémoire des martyrs
Au cours de la célébration, Lucia Wicki-Rensch (photo), et Ivo Schürmann, d’AED/ACN Suisse, ont allumé tour à tour les quatre cierges aux couleurs d’Aide à l’Eglise en Détresse posés sur l’autel, rappelant le martyr de chrétiens assassinés par des terroristes ou victimes de bandits.
Ont été évoqués la mémoire des sept membres de la famille Shehata, des chrétiens coptes assassinés par de présumés djihadistes dans la province de Minya, en Haute-Egypte, ou celle du Père José Escobar, curé de l’église Notre-Dame de Fatima, dans l’archidiocèse de Barquisimeto, au Venezuela, tué au cours d’un cambriolage dans sa paroisse.
Un cierge a encore été allumé pour Arslan, du village de Jabhar, au Pakistan, le seul chrétien de sa classe martyrisé par les autres écoliers, qui l’ont accusé d’entretenir des relations homosexuelles parce qu’il ne voulait pas se convertir à l’islam. Le quatrième a rappelé les victimes d’attentats perpétrés par des islamistes contre deux églises catholiques et une église évangélique au Sri Lanka, le dimanche de Pâques, attaques qui ont fait 253 morts parmi les fidèles. JB
Jacques Berset
Portail catholique suisse
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