Par Sylvia Stam/Kath.ch, traduction et adaptation Bernard Hallet
Pour concrétiser son projet, Stefan Pfister s’est associé à l’hôtelier Cyrill Ackermann. Ils donnent un exemple de la lutte contre le gaspillage alimentaires durant le WEF.
Pourquoi tant de nourriture est-elle gaspillée durant le WEF?
Stefan Pfister: Pour une entreprise de restauration, les convives manquant de nourriture est problématique. Un hôtel ne veut pas perdre ses clients, faute de pouvoir les nourrir correctement. Les équipes préparent donc plus. Et, c’est loi sur les denrées alimentaires, ce qui n’est pas mangé doit être jeté.
Comment le Food-festival peut-il se placer à Davos?
Ce qui a été mis en place sur le buffet doit être jeté. Cependant, tout ce qui n’a pas encore quitté la cuisine peut être récupéré: les plats de la veille, en fin de matinée et, dans le courant de l’après-midi, ceux du repas de midi. Nous apportons la nourriture, les aliments cuits, mais aussi le pain et les fruits, dans des véhicules frigorifiques au centre de ski de fond de Davos et nous la reconditionnons.
Pasteur et électricien
Stefan Pfister (51 ans) est pasteur de l’Eglise évangélique méthodiste de Davos à 60%. Il travaille également à 40 % comme électricien. Sa congrégation à Davos comprend environ 40 adultes. Le pasteur a déjà lancé le projet «Save our Food» avec Matthias Marmet, pasteur de l’église pentecôtiste de Davos: les aliments provenant des supermarchés Aldi et Spar, dont la date limite de vente – non celle de consommation – est expirée, sont recueillis dans un réfrigérateur et proposés gratuitement. SYS
De quelle manière investissez-vous le centre de ski de fond?
Nous le transformons en restaurant. La nourriture est proposée à la vente pour le déjeuner et le dîner et à consommer sur place. S’il nous reste quelque chose à 20h00 et que les gens viennent avec un Tupperware, ils sont les bienvenus pour l’emballer et le ramener à la maison. Nous sommes aussi très attentifs aux règles d’hygiène des autorités de contrôle des aliments.
Donc vous ne savez pas à l’avance ce dont vous disposerez
Non, nous devons improviser. Les hôtes du centre de ski de fond doivent faire avec ce que nous avons reçu. Il est possible que tous ces restes ne correspondent pas à leurs attentes car ils proviennent de douze hôtels mais nous prenons ce risque.
A qui est ouvert ce restaurant?
«Tout le monde» est invité: les personnes vivant et travaillant à Davos, les invités, les touristes, les skieurs de fond, les travailleurs du WEF (par exemple les chauffeurs de limousine), les invités et le personnel du WEF, les présidents et les PDG.
«Nous poursuivons un objectif social: l’argent récolté sera utilisé pour un projet destiné aux enfants et aux jeunes de Davos.»
Ces établissements ne peuvent-ils pas servir la nourriture le lendemain?
Non, ce n’est généralement plus possible, car de nouveaux plats sont proposés dans le menu pour lequel les ingrédients ont déjà été commandés. Tout au plus pourraient-ils servir ces repas aux employés.
Que se passe-t-il s’il reste encore de la nourriture?
Dans la mesure du possible, les restes sont compostés et transformés en biogaz et en électricité. Dans le cas contraire, il faut les jeter.
Quel est le but de cette campagne?
«4Reasosns» comporte quatre aspects: nous voulons satisfaire la faim et la soif, c’est l’aspect existentiel et nous luttons contre le gaspillage alimentaire, c’est l’aspect éthique. Nous attirons l’attention sur le gaspillage de nourriture, c’est la question politique. D’un point de vue écologique, nous préservons les ressources et évitons le gaspillage. Enfin, nous poursuivons un objectif social: l’argent récolté sera utilisé pour un projet destiné aux enfants et aux jeunes de Davos.
Ne serait-il pas plus logique de sensibiliser d’abord les hôteliers?
Il ne faut pas s’engager auprès des restaurateurs mais dans la société. Avant d’acheter des fruits, les consommateurs les touchent, comme par exemple les pommes qui ont alors des taches brunes, de sorte que personne ne les achète plus, étant donné que ce n’est plus «parfait» à l’œil. C’est une relation malsaine à la nourriture. Nous devrions acheter le premier fruit que nous prenons en main.
Je veux prendre soin des ressources que Dieu nous a données.
Mais une telle action conduit-elle à une remise en cause de la société?
Non. 4Reasons n’est qu’une petite pièce du puzzle. Nous voulons aller plus loin, par exemple en développant un label pour les commerçants qui achètent moins de marchandises afin de lutter contre le gaspillage. Les clients pourraient alors décider d’aller dans ces magasins, même s’ils n’y obtiennent pas exactement ce qu’ils veulent. Je pense qu’on doit commencer quelque part. Mais je suis aussi conscient que nous vivons sur terre et pas encore au ciel.
Qu’est-ce qui vous motive à prendre cette mesure?
Je crois en un Dieu qui est le créateur de tout. Je veux prendre soin des ressources que Dieu nous a données. Dans le monde, environ 800 millions de personnes ne mangent pas à leur faim. Nous devons amorcer une réflexion. Si nous avons besoin de moins de nourriture parce que nous en jetons moins, cela permettrait une distribution plus équitable.
Cette action est-elle aussi une tentative pour atteindre des personnes qui sont loin de l’Eglise?
Non. Ce que nous faisons ici ne fonctionnerait pas sans les nombreuses personnes qui ne sont pas liées à l’Eglise. Mon but n’est pas de les inciter à aller à l’église. S’il y a des rencontres qui mènent à des conversations sur la foi, je suis heureux, mais ce n’est pas la raison première. (cath.ch/kath.ch/sys/bh)
«4Reasons» pour Davos
La campagne «4Raisons» (quatre raisons) a lieu pendant le WEF, à Davos, du 20 au 23 janvier. Les surplus de nourriture seront récupérés dans douze hôtels et apportés au centre de ski de fond de Davos. Ici, ils seront préparés pour la consommation et vendus.
Les recettes seront versées à un projet pour les enfants et les jeunes. En plus des trois employés du centre de ski de fond, onze autres personnes aident bénévolement. Le projet n’entraîne aucun coût. «4Reasons» a été lancé par Stefan Pfister et Cyrill Ackermann, directeur de l’hôtel Grischa à Davos. SYS
Rédaction
Portail catholique suisse
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