La pastorale musulmane spécifique dans les institutions n’existe encore guère en Suisse. Cependant, la Confédération voit ici une approche pour prévenir l’extrémisme religieux. Elle soutient par conséquent la nouvelle filière de formation continue du CSIS à l’Université de Fribourg, dans le cadre du Plan d’action national de lutte contre la radicalisation et l’extrémisme violent
Pour la seconde fois, le CSIS organise un CAS (Certificate of Advanced Studies) sur la prévention de l’extrémisme, traitant des différentes idéologies et stratégies d’intervention. Intitulé «Prévenir les extrémismes. Idéologies, religions et violence(s)», il interrogera les liens entre violence et les différents extrémismes, notamment religieux.
Répartis entre septembre 2020 et juin 2021, les quatre modules de la formation permettront aux participant-e-s d’acquérir des connaissances plurielles pour appréhender le phénomène des extrémismes ou de la «radicalisation» dans sa globalité. Il s’agit d’instruments permettant notamment de distinguer les types de violence mobilisés dans les extrémismes à caractère religieux et de savoir comment les désamorcer. Et de se familiariser avec les profils de personnes adhérant à des idéologies extrêmes.
Le cursus abordera la question de savoir comment et pourquoi des personnes adhèrent à un système de pensée extrémiste qui puise sa légitimité dans des références religieuses, et les liens de cause à effet entre une idéologie et le passage à l’acte violent.
Le nouveau CAS en aumônerie musulmane dans les institutions publiques se basera, à partir d’une approche multidisciplinaire, sur les apports de la théologie musulmane. Cette formation, divisée en modules, peut être suivie en cours d’emploi.
Cette formation intitulée «Muslimische Seelsorge in öffentlichen Institutionen» (pastorale musulmane dans les institutions publiques) sera proposée par le CSIS entre septembre 2020 et mai 2021 seulement en allemand. Elle est destinée aux personnes souhaitant aborder les questions et les exigences liées à l’accompagnement des personnes de confession musulmane dans les institutions publiques en Suisse, en prenant en compte une autoréflexion théologique islamique.
Les exigences requises pour les personnes chargées de la pastorale musulmane dans les hôpitaux, les prisons ou les centres de requérants d’asile sont élevées: un diplôme universitaire ou une formation comparable est requis, note le professeur Hansjörg Schmid.
Le directeur du CSIS justifie cela par les qualifications requises par les autorités et les institutions de l’Etat, mais aussi par la pastorale spécialisée chrétienne.
Ce CAS s’adresse aux personnes qui travaillent déjà dans la pastorale musulmane ou qui s’intéressent à ce travail (par exemple imams, femmes occupant des postes correspondants). Il s’adresse également aux agents pastoraux d’autres communautés religieuses ainsi qu’aux employés de l’administration (par exemple responsables de la pastorale, chargé de la formation religieuse, etc.) ou des institutions publiques (par exemple les prisons, les centres pour requérants d’asile, etc.)
Il est important pour les formateurs que les futurs agents pastoraux connaissent la langue et la culture de leur domaine d’activité. Cela est également important pour la coopération avec les responsables des institutions, insiste le professeur Schmid. Ainsi, aucun imam venant de l’étranger sans connaissance de la langue nationale ne peut bénéficier de cette formation.
D’autres formations sont organisées par le CSIS durant l’année 2020. Durant le semestre de printemps 2020, Makram Abbès, professeur de philosophie politique à l’Ecole Normale Supérieure de Lyon, tiendra un séminaire intitulé «Le califat: enjeux, problèmes, actualités». Il analysera en particulier la «nature» de l’Etat en islam, ses formes juridiques et constitutionnelles et examinera les bouleversements contemporains que traverse cette institution, et les représentations culturelles qui la sous-tendent.
Mehdi Azaiez, professeur assistant d’études islamiques et de théologie aux Universités de Louvain et de Lorraine, proposera pour sa part le séminaire «Islam et judaïsme. Histoire, théologies et cultures».
Dans le souci d’offrir une formation de qualité sur des thématiques «hautement polémiques et sensibles», les intervenants ont été choisis pour la qualité de leurs analyses et leur grande proximité avec le terrain (professionnel et/ou de recherche), notent les professeurs Hansjörg Schmid, Amir Dziri et René Pahud de Mortanges, à la direction du CSIS. (cath.ch/be)
Jacques Berset
Portail catholique suisse
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