Les prélats ont commencé par dénoncer une crise économique qui s’est transformée en «urgence humanitaire moralement inacceptable». «Loin d’être maitrisée, la crise sociale, économique et politique s’aggrave, viole les droits fondamentaux à la vie, à l’éducation, à la santé, à l’intégrité et au développement», s’insurgent les signataires du communiqué.
«Pour ceux qui assument aujourd’hui des responsabilités au sein du gouvernement, ce qui compte n’est pas le bien commun mais plutôt l’intérêt démesuré pour la richesse et le pouvoir hégémonique, quitte à briser toute intention de vivre dans une authentique démocratie», ont déploré les évêques.
Et d’insister: «Nous vivons dans un régime totalitaire et inhumain dans lequel la dissidence politique est persécutée par la torture, la répression violente et les assassinats». À ces critiques, les prélats ajoutent «la présence de groupes paramilitaires irréguliers sous le regard complaisant des autorités civiles et militaires, l’exploitation irrationnelle des ressources minières qui détruisent de vastes zones du territoire vénézuélien, le narcotrafic et la traite des personnes».
«Nous nous faisons l’écho des clameurs de liberté, de justice et de saine coexistence qui germent dans les coeurs de ceux qui souffrent sur cette belle terre de grâce».Reconnaissant les efforts réalisés par diverses instances internationales pour répondre à la situation du Venezuela, les prélats ont réaffirmé qu’ils «continuent à miser sur le dialogue sincère et les négociations qui réunissent les conditions de respect des droits fondamentaux du peuple vénézuélien».
La Conférence épiscopale s’engage également à aider tout le monde, en particulier «ceux qui souffrent de la faim, de la misère, de négligence médicale, emprisonnés pour des motifs politiques, persécutés et maltraités dans leur dignité».
En rappelant leur attachement à la doctrine sociale de l’Église, les prélats réaffirment que «le peuple, à travers ses différentes expressions de la vie sociale et culturelle, est l’authentique sujet et protagoniste du changement requis au Venezuela (…)».
L’épiscopat s’est enfin adressé aux Vénézuéliens qui ont dû quitter le pays en leur demandant «de rester confiants et de ne pas cesser d’exprimer leur témoignage de foi et de charité en apportant leur participation aux œuvres de la société et de l’Église».
Ils ont également tenu à remercier les différents pays et églises qui ont accueilli «ceux qui ont migré en quête d’un travail et de conditions de vie plus dignes, leur permettant également de contribuer au maintien de leurs familles au Venezuela».
Caritas Venezuela a accueilli 6 millions de personnes en 2019
Dans son rapport d’activité 2019 publié début janvier 2020, la Conférence épiscopale du Venezuela a indiqué que la Caritas locale avait répondu, directement ou indirectement, aux besoins de 6 millions de personnes en 2019. Le rapport 2019 détaille ainsi la participation active de l’œuvre d’entraide catholique à travers les actions des 500 antennes paroissiales et 33 antennes diocésaines.
87’294 rations alimentaires ont ainsi été distribuées à travers les 865 cantines solidaires disséminées dans le pays et la livraison de 3’000 filets de provisions. 479 journées de soins médicaux ont également été assurées permettant notamment d’accueillir 40’365 nourrissons et enfants en bas âge, ainsi que 3’278 femmes enceintes. Le document rappelle également que plus de 12 millions de médicaments ont été distribués. Autre action importante, Caritas a fourni plus de 70’000 purificateurs d’eau.
L’organisation catholique a également été présente auprès des migrants qui ont décidé de quitter le territoire pour se rendre en Colombie ou au Brésil. Sur leurs parcours, près de 7’500 personnes ont ainsi été accueillies dans les «maisons de passage» et reçu des kits d’hygiène. (cath.ch/jcg/rz)
Jean-Claude Gérez
Portail catholique suisse
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