Le 8 janvier, Benedicto Abicair, juge à Rio de Janeiro, a pris la décision temporaire de retirer le film, en attendant un jugement définitif sur le sujet, selon des informations rapportées par l’Associated Presse. La décision fait suite à la demande de retrait du film de la part du Centre pour la Foi et la Culture Don Bosco , une association catholique brésilienne. Le juge estime cette décision «bénéfique non seulement pour la communauté chrétienne, mais également à la société brésilienne dans son ensemble, qui est en large part chrétienne».
L’interdiction a été annulé 24 heure plus tard par la Cour suprême du Brésil. Elle a donné raison à la plateforme américaine de vidéos en ligne, qui a fait appel contre la décision du tribunal de Rio de Janeiro dès le lendemain, jeudi 9 janvier. «On ne peut pas supposer qu’une satire humoristique ait la capacité d’affaiblir les valeurs de la foi chrétienne, dont l’existence remonte à plus de 2000 ans, et qui est intériorisée dans la croyance de la majorité des citoyens brésiliens», a justifié le président de la Cour suprême, José Antonio Dias Toffoli. Dans un communiqué, Netflix annonçait vouloir soutenir «fortement l’expression artistique» et «lutter pour défendre ce principe important.»
Signée par le collectif d’humoristes brésiliens Porta dos Fundos et mise en ligne le 3 décembre dernier sur Netflix, la fiction «La Première Tentation du Christ», une comédie parodique présentant un Jésus homosexuel, avait déclenché la colère des évangéliques et d’une partie des catholiques et provoqué une vive polémique dans le pays.
L’évêque du Pernambouc, Henrique Soares da Costa, avait qualifié la vidéo de «blasphème vulgaire et irrespectueux». Il a affirmé avoir annulé son abonnement à la plateforme américaine et a invité les chrétiens à en faire de même. Plus de deux millions de personnes avaient par ailleurs demandé le retrait du film de la plateforme de streaming dans une pétition publié en ligne sur le site change.org.
La veille au soir de Noël, les locaux du collectif d’humoristes brésiliens ont été pris pour cible par un attentat au cocktail Molotov. Sur Twitter, le collectif a rapporté les faits, tout en refusant de se laisser intimider par cette attaque. »Nous allons continuer en étant plus unis, forts et inspirés, et avec la certitude que notre pays survivra à cette tempête de haine. L’amour et la liberté d’expression prévaudront» écrivait-il.
La société Porta dos Fundos avait déjà fait parler d’elle en 2018 après la diffusion, également sur Netflix pendant la période de Noël, d’une autre fiction racontant cette fois le «lendemain de cuite» des apôtres après la dernière cène, dans un scénario rappelant celui du film américain à succès «Very bad trip», qui avait remporté un prix dans la catégorie comédie aux Emmy Awards en 2019.(cath.ch/lacr/ag/hn/cp)
Carole Pirker
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