«Le lent processus de reconstruction de l’Irak» est menacé par les récentes tensions entre l’Iran et les Etats-Unis, a déclaré le pape. Le risque que cela provoque un conflit à plus grande échelle doit pousser les protagonistes à maintenir allumée «la flamme du dialogue».
Plus largement, le pape François a défendu l’urgence d’un «engagement plus assidu et efficace de la part de la communauté internationale» au Moyen-Orient. Il a dénoncé la «chape de silence» couvrant la situation en Syrie, et demandé des solutions adéquates. Le successeur de Pierre s’est également dit préoccupé par la situation au Liban et au Yémen.
Faisant le constat de l’échec du multilatéralisme dans la société actuelle, il a demandé que les Nations travaillent à une réforme générale du système multilatéral, à partir du système onusien. Cette réforme doit ainsi permettre de trouver un ancrage objectif qui prend ses racines «dans la nature même de l’être humain». Il a une nouvelle fois dénoncé le trafic humain organisé en Libye par «de vraies mafias». La mer Méditerranée reste un «grand cimetière», a-t-il ainsi déploré, demandant que les Etats prennent sur eux la responsabilité de trouver des solutions durables à cette crise.
Le pape François a en outre rappelé la signature avec le grand imam d’Al-Azhar du Document sur la fraternité humaine pour la paix mondiale et la coexistence commune à Abu Dhabi (Emirats arabes unis) le 4 février 2020. Visant à faciliter le dialogue entre chrétiens et musulmans, ce document rappelle l’importance du «concept de citoyenneté» et renonce à «l’utilisation discriminatoire» du terme «minoritaire».
L’incendie de la cathédrale Notre-Dame de Paris dans la nuit du 15 au 16 avril 2019 a montré combien il est «fragile et facile» de détruire même ce qui semble être solide, a également déclaré le pape. En faisant de la cathédrale française un symbole des valeurs et racines de l’Europe, il a indiqué que le Vieux continent ne devait pas perdre de vue son histoire qui s’inscrit «dans la ‘pietas’ romaine et dans la ‘caritas’ chrétienne».
Le 30e anniversaire de la chute du Mur de Berlin, exemple «emblématique d’une culture de la division», doit pousser l’Europe à promouvoir des ponts. Le pontife a salué de manière très particulière l’héritage du père fondateur de la construction européenne, le Français Robert Schuman, notamment dans sa volonté de mettre la paix au cœur du processus européen.
Face à la permanence de conflits en Europe de l’Est, le pape François a demandé à ce que le dialogue soit au cœur des solutions recherchées en Ukraine et en Géorgie. Il a donné en exemple les accords d’Helsinki de 1973 qui avaient permis une désescalade de l’armement entre Est et Ouest dans un contexte de Guerre froide.
Un certain nombre d’adultes, y compris certains membres du clergé, a encore déploré le pontife argentin, se sont rendus coupables de délits très graves contre la dignité des jeunes en violant leur innocence et leur intimité. Pour le pontife, il s’agit-là de «crimes qui offensent Dieu». Ils causent selon lui des dommages physiques, psychologiques et spirituels aux victimes et portent atteinte à la vie des communautés entières.
Avec l’objectif que la lumière soit faite sur ces abus et que la protection des mineurs soit assurée, le successeur de Pierre avait convoqué au Vatican tous les présidents des conférences épiscopales du 21 au 24 février 2019. Dans le prolongement de ce sommet, un large éventail de normes a été adopté permettant de faire face à de tels cas dans le domaine du droit canonique et à travers la collaboration avec les autorités civiles, au niveau local et international.
Pour l’évêque de Rome, il apparaît «encore plus urgent» que les adultes ne renoncent pas au devoir d’éducation qui leur revient. Mieux, ces derniers doivent assumer cet engagement «avec un zèle plus grand» encore afin de conduire les jeunes à la maturité spirituelle, humaine et sociale. C’est pourquoi le pape souhaite reconstruire le pacte éducatif mondial. Une rencontre mondiale sera organisée à Rome le 14 mai 2020 sur ce thème.
Il est plus que jamais nécessaire d’unir les efforts de tous dans une «vaste alliance éducative» pour former des personnes mûres et capables de surmonter les morcellements et les oppositions, a ajouté le pape François. L’époque actuelle demande que soit constitué «un village de l’éducation» et créé un «réseau de relations humaines et ouvertes». Ce village, a-t-il suggéré, doit mettre au centre la personne, favoriser la créativité et la responsabilité pour former des personnes disponibles à se mettre au service de la communauté.
Beaucoup de jeunes s’engagent pour sensibiliser les responsables politiques sur la question des changements climatiques, a par ailleurs salué le pontife. «La préservation de notre maison commune doit être une préoccupation de tous et non l’objet d’oppositions idéologiques entre les différentes visions de la réalité», a-t-il rappelé. La protection de la planète est un défi urgent qui ne doit ni être négligé ni se réduire à une «problématique élitiste».
Une «conversion écologique» comprise de manière «intégrale» est désormais urgente. Il s’agit de transformer les relations avec tous les êtres vivants, avec la Création et avec le Créateur à l’origine de toute vie, a précisé l’auteur de l’encyclique Laudato si’ (2015).
«Malheureusement, a-t-il déploré, l’urgence de cette conversion écologique ne semble pas être acquise dans la politique internationale». La 25e Conférence des Parties de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (COP25) de décembre dernier représente une «sérieuse sonnette d’alarme concernant la volonté de la communauté internationale d’affronter avec sagesse et efficacité le phénomène du réchauffement». Celui-ci demande pourtant une réponse collective capable de faire prévaloir le bien commun sur les intérêts particuliers.
Revenant sur son récent voyage au Japon, du 23 au 26 novembre 2019, le pape François a confié avoir «touché du doigt la souffrance et l’horreur» que les hommes sont capables de s’infliger, en faisant référence aux bombardements atomiques d’Hiroshima et de Nagasaki en 1945. «On ne peut pas construire une véritable paix sur la menace d’un possible anéantissement total de l’humanité provoqué par les armes nucléaires», a-t-il une fois de plus rappelé face aux diplomates accrédités près le Saint-Siège.
Leur utilisation est «immorale», a-t-il encore affirmé, et représente un crime contre l’homme et contre l’avenir de la planète. Or, un monde sans armes nucléaires est «possible et nécessaire», selon le successeur de Pierre, et il est temps que tous ceux qui ont des responsabilités politiques en deviennent pleinement conscients.
L’année 2020 offre une opportunité importante dans cette direction, s’est réjoui le pontife, avec la 10e conférence d’examen du Traité de non-prolifération des armes nucléaires. Ce dernier se tiendra du 27 avril au 22 mai à New York. Cette occasion doit permettre à la communauté internationale de trouver un «consensus final et proactif» sur les manières d’actualiser cet instrument juridique international, a-t-il souhaité. (cath.ch/imedia/cd/pad/rz)
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