Quand les Néerlandais ont aboli le célibat

Ce que les forces réformatrices exigent pour renouveler l’Eglise catholique en Suisse a déjà été accompli il y a 50 ans par le Conseil pastoral néerlandais. Le 7 janvier 1970, il a décidé que les prêtres catholiques n’avaient plus à vivre le célibat. Mais Rome n’a pas suivi.

Kath.ch, traduction et adaptation, Carole Pirker

Le résultat du vote est écrasant: par 90 voix contre six, le Conseil pastoral des Pays-Bas, réuni à Noordwijkerhout, vote pour l’abolition de la réglementation séculaire du célibat des prêtres catholiques. Ce 7 janvier 1970, il décide que «le célibat ne devrait plus être obligatoire pour les futurs prêtres». La décision est révolutionnaire.

Pourtant, il y a deux hics de taille: le nonce apostolique Angelo Felici quitte la salle immédiatement avant le vote, en signe de protestation, et la plupart des évêques présents s’abstiennent de voter, alors qu’à l’époque, ils étaient les plus progressistes de l’Eglise universelle.

Le pape «profondément affligé»

Malgré les abstentions, les représentants du Conseil pastoral se décident à présenter les résultats du vote à Rome. Ils le font sous la houlette du cardinal Bernard Jan Alfrink d’Utrecht, qui a déjà été l’un des modernisateurs déterminés lors du Concile Vatican II (1962-1965). Mais cette décision révolutionnaire se heurte à la sourde oreille du pape Paul VI, qui exprime sa «profonde tristesse» à propos du vote des Néerlandais.

Le vote initie une phase chaotique dans l’Eglise catholique des Pays-Bas. De nombreux prêtres se marient, certains continuent à diriger des paroisses et des services avec ou sans permission épiscopale, divisant les paroisses. Un exode des fidèles s’en suit, qui s’accélère après la visite du pape Jean-Paul II aux Pays-Bas en 1985. Au cours de ce voyage, le pape fait clairement savoir qu’il exige la fin de la «voie spéciale néerlandaise». Plus déterminé que son prédécesseur, le pape de Pologne fait tout ce qui est en son pouvoir pour éradiquer les «pousses sauvage» de l’Eglise néerlandaise.

Des évêques conservateurs nommés

Pas à pas, il nomme des évêques conservateurs. En 1979 , il convoque un synode néerlandais au Vatican. Résultat, en janvier 1980, sans même mentionner le vote du «Conseil pastoral» vieux de dix ans, les évêques décident à la majorité de souscrire à tous les points essentiels de la doctrine de l’Eglise, dont celui du célibat. Le «Pastoraal Concilie " de Noordwijkerhout sera donc resté lettre morte.

Adrianus Simonis

Lors de ce Conseil Pastoral du 7 janvier 1970, Adrianus Simonis, encore un jeune prêtre, est l’un des rares conservateurs critiques face à ce courant novateur. Nommé en 1970 évêque de Rotterdam par le pape Paul VI , puis archevêque d’Utrecht en 1983 par Jean-Paul II, qui en fera plus tard un cardinal, il va ramener les évêques néerlandais dans le droit chemin, celui fidèle à la ligne du Vatican.

Mais la plupart des fidèles réformateurs et des prêtres mariés ne rallient pas le mouvement. En conséquence, durant les 50 ans qui suivent le Conseil pastoral de Noordwijkerhout, le nombre de catholiques chute de façon drastique, passant de 40 à 24% de la population. Durant la même période, les Eglises protestantes perdent encore plus d’adeptes, de sorte qu’aujourd’hui, la majorité des Néerlandais sont considérés comme non confessionnels.

Les chiffres relatifs à la fréquentation des églises et au nombre de jeunes prêtres sont encore plus dramatiques. Plus qu’un pourcent des catholiques assistent aujourd’hui régulièrement à la messe du dimanche. La présence visible de l’Église catholique est également en diminution constante. Les hôpitaux et les écoles de l’Église sont une rareté et l’Université catholique Radboud de Nimègue est l’une des dernières du genre.

La question de savoir si le conseil pastoral de Noordwijkerhout a accéléré ou provoqué ce déclin est encore contestée de nos jours. Ce qui est certain, c’est qu’il ne l’a pas arrêté. (cath.ch/ kath.ch/lr-eb/cp)

Carole Pirker

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