Leonardo Boff, considéré comme l’un des pères de la Théologie de la libération souligne, dans un article publié sur son blog que le long métrage britannico-italo-américano-argentin «est esthétiquement et techniquement bien élaboré», profitant en cela des décors naturels du Vatican. «Il est basé sur des faits historiques, auxquels vient se rajouter une créativité, particulièrement dans la construction des dialogues».
«Ce film est une belle métaphore de la condition humaine, de deux modes différents d’envisager l’humanité, qui ne s’opposent pas mais se complètent, l’un avec tendresse, l’autre avec rigueur», indique Leonardo Boff. Le théologien recommande d’ailleurs de voir ce film «car il nous offre des leçons d’écoute mutuelle, de vérités dites sans détours et d’une amitié qui augmente au fur et à mesure des rencontres».
Leonardo Boff précise cependant que cette opinion est strictement personnelle. Mais il sait de quoi il parle. «J’ai eu le privilège de connaître personnellement les deux papes avec lesquels j’ai entretenu et entretiens encore des relations d’une certaine proximité et même d’amitié».
Se lançant dans un double portrait, le théologien de 82 ans, évoque d’abord le «professeur Joseph Ratzinger, pour lequel j’ai une immense gratitude d’avoir aimé ma thèse de doctorat sur «L›Eglise comme Sacrement Fondamental dans le monde sécularisé». Il m’a aidé financièrement et m’a permis de rencontrer une maison d’édition, alors que personne ne voulait se lancer dans la publication d’un ouvrage de 500 pages!»
Evoquant ensuite le caractère du Pape benoit XVI, Leonardo Boff estime qu’il est «très distingué et rigoureux, extrêmement intelligent» et affirme ne «jamais l’avoir vu élever la voix». «C’est une personne très timide et réservée», assure même le théologien. D’où la crainte, lorsqu’il a été élu Pape: «Il va souffrir beaucoup, ai-je pensé. Car il n’a jamais donné d’accolade à quiconque, encore moins à une femme. Et là, il va être confronté à des foules».
Evoquant ensuite le pape François, Leonardo Boff a rappelé qu’ils se sont connus en 1972 au Collège Maximo de San Miguel, à Buenos Aires. L’occasion pour les deux hommes de discuter des divers aspects de la Théologie de la Libération en Argentine et au Brésil. Une théologie pour laquelle, selon Leonardo Boff, le futur pape éprouvait «beaucoup d’enthousiasme».
«Lorsqu’il a été élu pape, nous avons recommencé à communiquer. Il savait que j’étais pleinement investi sur le thème de l’écologie intégrale, incluant la Maison Commune et la Terre-Mère». Le théologien assure que le Saint-Père, lui-même, lui aurait dit: «Ne m’envoie pas tes textes au Vatican, car ils ne me seront jamais remis. Je les lui transmettais donc via l’ambassadeur argentin auprès du Saint-Siège».
Revenant sur le film, Leonardo Boff loue la capacité du long métrage à montrer que, malgré leurs différences, «Ratzinger et Bergoglio sont profondément humains. Tous deux possèdent un côté lumineux, mais également leur part d’ombre». Le théologien se révèle cependant plus critique à l’égard Benoit XVI, auquel il reproche notamment «la clémence avec les pédophiles».
Le pape François, lui, est épargné. Voire même encensé. «Il vient du bout du monde, de l’extérieur de cette vieille et quasi agonisante chrétienté européenne. Il apporte un printemps pour l’Eglise et pour le monde sécularisé», avec son modèle d’Eglise qui est celui d’un «hôpital de campagne qui accueille toutes les personnes, sans demander d’où elles viennent ni leur situation morale». (cath.ch/jcg/bh)
Bernard Hallet
Portail catholique suisse
https://www.cath.ch/newsf/les-deux-papes-une-lecon-decoute-mutuelle-selon-leonardo-boff/