De Bagdad, le patriarche de l’Eglise chaldéenne rappelle que «les Irakiens sont encore sous le choc de ce qui s’est passé la semaine dernière» [l’assassinat le 3 janvier 2020 à Bagdad, sur ordre de Trump, du général iranien Qassem Soleimani et du numéro deux du mouvement chiite irakien pro-iranien Hachd al-Chaabi, Abou Mahdi al-Mohandis, engagé dans la lutte contre les terroristes de Daech]. L’attaque américaine sur un convoi de véhicules près de l’aéroport de Bagdad a fait dix morts, irakiens et iraniens.
Les Irakiens «craignent que l’Irak ne devienne un champ de bataille, plutôt qu’une patrie souveraine, capable de protéger ses citoyens et ses richesses. Dans des circonstances aussi critiques et tendues, il est sage d’organiser une table ronde pour que toutes les parties concernées puissent avoir un dialogue raisonnable et civilisé qui épargne à l’Irak des conséquences inattendues», écrit le chef de l’Eglise catholique chaldéenne.
Et d’implorer «le Dieu Tout-Puissant afin qu’il accorde à l’Irak et à la région une vie pacifique, stable, sûre et ‘normale’ à laquelle nous aspirons», écrit-il sur le site du Patriarcat chaldéen de Babylone.
Mgr Shlemon Warduni, évêque auxiliaire de Bagdad, s’inquiète pour sa part du risque d’aggravation des violences dans la région: une nouvelle guerre en Irak serait terrible pour la population et la communauté chrétienne, déjà fortement réduite depuis l’invasion américaine de 2003, qui a complètement déstabilisé le pays.
Evoquant le tweet de Donald Trump dans lequel il a menacé d’attaquer des sites culturels en Iran, Abbas Araghchi, vice-ministre des Affaires étrangères iranien, a déclaré qu’une telle menace rappelait l’invasion mongole ou la destruction des sites culturels et historiques par les groupes terroristes et criminels, en allusion aux actes des djihadistes de Daech. Le diplomate iranien a rappelé que de tels actes constituent un «crime de guerre», selon les lois et règles internationales.
Cette attaque américaine, saluée certes par une partie des manifestants qui tiennent les rues de Bagdad depuis plus de trois mois pour demander le départ d’un gouvernement qualifié de corrompu, a toutefois provoqué un large et rare consensus contre les Etats-Unis. Alors que les manifestations qui ont secoué ce pays depuis le début du mois d’octobre 2019 étaient censées soulever l’opinion publique contre l’Iran, c’est maintenant la présence américaine qui est dénoncée.
Les menaces de s’en prendre aux bases américaines dans ce pays se font plus pressantes, ainsi que les demandes exprimées par les plus importants blocs parlementaires irakiens en faveur du départ des soldats américains. (cath.ch/com/vaticannews/be)
Jacques Berset
Portail catholique suisse
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