La liste annuelle établie par Fides, l’agence d’information dépendant de la Congrégation romaine pour l’Evangélisation des Peuples, ne concerne pas seulement les missionnaires ad gentes au sens strict, mais tous les opérateurs pastoraux morts de façon violente, et pas expressément «in odium fidei», «en haine de la foi».
Si les assassinats se concentraient par le passé dans un pays ou une zone géographique, il semble que ce ne soit plus le cas: la violence contre les missionnaires s’exerce partout. «Le martyre est l’air de la vie d’un chrétien, d’une communauté chrétienne. Il y aura toujours des martyrs parmi nous. C’est le signal que nous marchons sur la route de Jésus».
C’est avec cette déclaration du pape François prononcée lors de l’audience générale du 11 décembre 2019 que s’ouvre ce rapport sur les missionnaires assassinés en 2019. Il est précisé que le terme «missionnaire» désigne l’ensemble des baptisés «quelle que soit sa fonction dans l’Eglise et le niveau d’instruction de sa foi».
L’Afrique est le continent le plus éprouvé. Après huit années consécutives durant lesquelles le nombre le plus élevé de missionnaires tués avait été enregistré en Amérique, depuis 2018, c’est l’Afrique qui se trouve au premier rang de ce classement tragique.
En Afrique ont ainsi été tués 12 prêtres, un religieux non prêtre, une religieuse et une laïque (15). En Amérique centrale et latine ont été tués six prêtres, un diacre permanent, un religieux non prêtre et quatre laïcs (12). Une laïque a été tuée en Asie (aux Philippines), alors qu’en Europe une religieuse a été assassinée au Portugal.
Au Burkina Faso, le Père Siméon Yampa a été tué par des djihadistes alors qu’il célébrait la messe dans sa paroisse au centre du pays. Au Mexique, le catéchiste Margeli Lang Antonio est mort lors d’une attaque contre son église avant la première messe du jour au Chiapas. Néanmoins, note l’agence Fides, la plupart de ces homicides ne sont pas l’expression directe d’une haine envers la foi catholique, mais le fait de voleurs.
Plusieurs prêtres, diacres et religieux, ont été retrouvés sans vie, tués à l’arme blanche, parfois pieds et poings liés, dans leur église ou au siège de leur congrégation. Leur vie a été fauchée au cours de cambriolages ou de tentatives de vols à mains armée, également sur la route, dans des pays marqués par une dégradation de l’autorité de l’Etat, affaiblie notamment par la corruption.
Dans de tels contextes, s’en prendre aux religieux manifeste une volonté de «déstabilisation sociale», note l’agence Fides qui relaie les propos du prêtre-journaliste mexicain Sergio Omar Sotelo Aguilar, directeur du Centre catholique multimédia du Mexique (CCM), pays où un prêtre et deux laïcs ont été tués cette année. Prêtre du diocèse de Teotihuacán, près de Mexico, le Père Sergio Omar affirme que le prêtre et les communautés paroissiales favorisent la sécurité, l’éducation, les services sanitaires, les droits fondamentaux des migrants, des femmes et des enfants.
De facto, estime-t-il, l’Eglise est «une réalité qui aide la population, en concurrence directe avec la criminalité organisée» qui sait qu’éliminer un prêtre déstabilise une communauté entière, et permet aux cartels de travailler plus librement.
Fides estime que cette analyse fait sens dans de nombreux cas. L’agence cite, par exemple, l’assassinat au Nigeria du Père David Tanko alors qu’il se rendait au village de Takum pour jouer les médiateurs entre deux ethnies locales en conflit depuis des décennies.
Elle mentionne également l’assassinat barbare de Sœur Inès Nieves Sancho, 77 ans, en République centrafricaine. Cette religieuse œuvrait à l’insertion professionnelle de jeunes filles centrafricaines depuis des décennies. Elle évoque aussi le souvenir du Frère Paul McAuley, trouvé sans vie au Pérou, où il se dédiait à l’instruction des jeunes indigènes et à la sauvegarde de l’Amazonie.
Cette année, au moins quatre missionnaires ont été tués lorsqu’ils se trouvaient aux mains de leurs ravisseurs. «La diffusion, sous diverses latitudes, des enlèvements de prêtres et de religieuses, se concluant parfois tragiquement ou se soldant par la libération des otages ou par leur disparition sous le manteau du silence, est une cause de préoccupation», explique l’agence Fides.
Les prises d’otages pour obtenir une rançon seraient ainsi en augmentation au Nigeria. Dans la majeure partie des cas, les prêtres sont libérés après quelques jours de captivité, avec parfois des séquelles physiques et psychiques «dévastatrices». Ce phénomène serait également fréquent en Amérique latine.
L’agence Fides souligne enfin qu’il est presque impossible de dresser la liste des évêques, prêtres, religieuses, laïcs catholiques ou opérateurs humanitaires ou membres d’organisations internationales qui sont agressés, malmenés, volés ou menacés. Elle fait le même constat concernant les actes de violences ou de vandalisme visant les structures catholiques au service de l’ensemble de la population.
«Une douleur particulière est provoquée par la profanation ou l’incendie criminel d’églises, la destruction de statues ou d’images sacrées, l’agression de fidèles alors qu’ils sont réunis en prière», lit-on dans le rapport de Fides. (cath.ch/vaticannews/be)
Jacques Berset
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