«Si les politiques s’inspiraient de la volonté divine et priaient, le Liban ne serait pas aujourd’hui dans une situation désespérée au niveau économique et financier, avec des institutions paralysées», a déploré le chef de l’Eglise maronite, lors de son homélie dominicale au siège patriarcal de Bkerké, à 25 kilomètres au nord de Beyrouth.
«Le peuple n’aurait pas été affamé, humilié, plus de son tiers ne serait pas en dessous du seuil de la pauvreté, alors qu’environ la moitié des Libanais sont au chômage (…)», a lancé le patriarche maronite, visiblement excédé par le spectacle montré par milieu politique.
«Si les responsables écoutaient la voix de Dieu, a-t-il martelé, ils n’auraient pas dilapidé les fonds publics et ne se seraient pas répartis les ministères entre leurs groupes parlementaires et n’auraient pas fait la sourde oreille aux demandes du peuple qui manifeste et se met en grèves à répétition. Le soulèvement, la contestation civile, la révolution positive qui unit le peuple libanais sont cimentés loin des appartenances confessionnelles, communautaires et partisanes». Et le cardinal Béchara Raï d’asséner, en visant les responsables politiques: «Le Liban ne vous appartient pas, il appartient à sa population !»
Depuis le 17 octobre 2019, la population libanaise laisse éclater sa colère contre la classe politique dirigeante, depuis les plus hautes sphères jusqu’aux services publics de base. Le mouvement populaire reste massif et la crise politique n’a toujours pas trouvé d’issue. C’est en effet la plus grave crise économique du pays depuis la guerre civile qui a eu lieu entre 1975 et 1990. Déjà très fragile avant le début de la contestation, la situation économique et financière ne cesse de se dégrader et la paupérisation est galopante.
L’imposante révolte populaire a abouti à la démission du gouvernement de Saad Hariri, le 29 octobre. Depuis, le président de la République n’a toujours pas réussi à désigner un nouveau Premier ministre, en raison des différends entre les formations politiques autour de la nature du prochain cabinet. Le chef du gouvernement sortant Saad Hariri est donné favori et pourrait être à nouveau nommé à l’issue des consultations qui doivent se tenir au palais présidentiel de Baabda.
Le pays fait face à des restrictions bancaires croissantes et une pénurie de liquidités. »Derrière cette crise, c’est le système corrompu (…) C’est le cri des gens qui ont mal, qui ont faim, qui sont au chômage», dénonce à Vatican News le Père Paul Karam, prêtre maronite, et président de la Caritas Liban.
Déjà très fragile avant le début de la contestation, la situation économique et financière ne cesse de se dégrader. Le pays fait face à des restrictions bancaires croissantes et une pénurie de liquidités. Le Père Karam se veut cependant optimiste quand il voit dans toutes les paroisses et au Patriarcat les gens se réunir pour prier pour la paix et pour les politiciens qui sont responsables de la crise. «Nous sommes un peuple vraiment croyant le Liban est une terre sainte nous avons nos saints….» (cath.ch/orj/be)
Jacques Berset
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