Si le nombre de pèlerins et touristes se rendant en Terre Sainte pour Noël ou Pâques est en constante augmentation ces dernières années, les festivités ne devraient voir la participation d’aucun chrétien de Gaza. Comme elles en ont l’habitude, les autorités militaires israéliennes ont une nouvelle fois prétexté des «raisons de sécurité».
Ces permis, généralement délivrés peu avant Noël et Pâques, permettent aux chrétiens gazaouis de sortir de leur territoire enclavé pour un temps donné, afin de se rendre dans les Lieux saints de Jérusalem ou Bethléem, et de visiter leurs familles habitant en Cisjordanie. Les modalités de dispense de ces permis varient d’une année sur l’autre, selon l’humeur des Israéliens. Ils peuvent décider, comme il leur plaît, d’en réduire le nombre ou d’y appliquer des limites d’âge.
Le choix de ne pas en délivrer cette année témoigne quoi qu’il en soit d’une politique de restriction toujours plus prégnante à l’encontre de la bande de Gaza, note Vatican News. Par le passé, plusieurs chefs d’Eglise avaient tancé la logique d’occupation israélienne, la qualifiant d'»insensée», en faisant valoir que, pour ces chrétiens de Gaza, la possibilité de venir prier à Bethléem relevait bien d’un droit et non d’un quelconque privilège.
Les autorités israéliennes avaient déjà refusé, dimanche 1er avril 2018, l’accès aux cérémonies pascales de la ville Sainte aux chrétiens gazaouis.
La présence chrétienne à Gaza s’amoindrit sensiblement. Face à des conditions de vie précaires et au manque évident de perspectives, l’émigration reste une tentation inexorable.
«En 15 ans, nous avons perdu plus de 70% de la population chrétienne de Gaza: en 2003 et 2004, il y avait environ 4’500 chrétiens à Gaza; aujourd’hui, les chiffres sont autour de 900-1000 chrétiens», déplore le Père Mario Da Silva, cité par le site Pro Terra Sancta, en lien avec la Custodie franciscaine de Terre Sainte à Jérusalem.
Les derniers chrétiens de Gaza ont reçu ces jours derniers la visite de l’administrateur apostolique du Patriarcat latin de Jérusalem. Mgr Pierbattista Pizzaballa a passé trois journées au milieu de ce «petit troupeau», célébrant avec lui, et avec quelques jours d’avance, la naissance du fils de Dieu, conférant à quelques jeunes les sacrements de la première communion et de la confirmation.
«Gaza est peut-être la plus grande prison du monde, déclare le Père Mario Da Silva. Au cours des deux dernières années, le désespoir a augmenté, les habitants de Gaza n’ont plus seulement besoin de la liberté, mais aussi des nécessités de base. C’est précisément pourquoi nous nous concentrons sur la nourriture, la médecine et le travail.
«Nous ne disposons que de huit heures d’alimentation électrique, nous manquons d’eau potable, de services d’assistance médicale de base et souffrons de mauvaises conditions d’hygiène. Nous devons chercher comment survivre. Chaque jour, les familles doivent essayer de conserver ce dont elles disposent pour éviter de sombrer dans la pauvreté absolue».
L’Eglise, à travers ses donateurs, mène un projet de création d’emplois au profit de 64 familles. «Nous voulons combler le manque de travail en essayant de toucher principalement les jeunes qui quittent de plus en plus Gaza», car avec un taux de chômage de 50%, les perspectives sont de plus en plus sombre. " «Nous allons de pire en pire», lance le curé de la paroisse de la Sainte-Famille, présent à Gaza depuis huit ans. (cath.ch/fides/proterrasancta/be)
Jacques Berset
Portail catholique suisse
https://www.cath.ch/newsf/israel-interdit-aux-chretiens-de-gaza-de-celebrer-noel-a-bethleem/