De cet instant si simple et si décisif, on ne sait pratiquement rien de plus. On raconte plus facilement la suite de l’histoire, celle d’une ascension spectaculaire qui amena le Père Jorge Bergoglio à se présenter le 13 mars 2013 au balcon de la place Saint-Pierre.
En devenant prêtre, le Père Bergoglio n’imagine pas le moins du monde devenir pape un jour. Il l’a maintes fois exprimé: il n’a jamais eu d’autre ambition que bien faire son travail de prêtre. Sa progression dans la hiérarchie de son ordre et de l’Eglise vient à contre-courant de cette absence d’ambition.
L’ambition est d’ailleurs un poison qu’il ne cesse de combattre dans l’Eglise, surtout depuis qu’il s’est installé sur le trône de Pierre. Il déteste les prêtres «carriéristes». En 2018, à l’occasion de la béatification de Jean-Baptiste Fouque, un Français resté vicaire toute sa vie, le pontife proclame que cet humble serviteur est «un exemple pour les carriéristes». Contre les fausses et vaines aspirations «des arrivistes» l’état sacerdotal dans sa simplicité la plus totale est un idéal et un chemin privilégié vers la sainteté.
Toujours en 2018 aux séminaristes sardes,il explique que le prêtre doit être «du peuple et pour le peuple», c’est-à-dire «non pas dominateur du troupeau» mais serviteur. Une vie de service simple, une existence au contact des gens, telles sont les exigences auxquelles le prêtre Jorge-Mario Bergoglio a toujours essayé de s’astreindre.
En Argentine, il refuse régulièrement qu’on le nomme, comme le veut l’usage, «Votre Excellence». même pas «Monseigneur». Partout, il demande qu’on l’appelle simplement «Père Jorge». Un prêtre qui n’est pas paternel ne sert à rien déclarait-il à des séminaristes en 2016. Etre père, c’est avant tout être un père pour les siens, être une oreille, une aide, une présence rassurante.
Pour le pape François, un prêtre doit être proche des gens, uni à son évêque, et créatif. Service, obéissance et audace: c’est ainsi qu’il a entrepris sa mission au Vatican. Dans une lettre à un ami argentin en 2013, il explique qu’il continue à vouloir vivre comme s’il n’était qu’un simple vicaire, quitte à bousculer quelque peu les us et coutumes du Vatican.
«J’essaie d’être et d’agir comme lorsque j’étais à Buenos Aires. Si je change, à mon âge, je risquerais d’être ridicule. Je n’ai pas voulu aller habiter dans le Palais apostolique, je m’y rends uniquement pour travailler et pour les audiences. Je suis resté vivre à la Maison Sainte-Marthe, une maison d’accueil pour évêques, prêtres et laïcs. Je vis à la vue de tous et je mène une vie normale: messe publique le matin, déjeuner avec tout le monde dans le réfectoire, etc. Cela me fait du bien et cela évite que je sois isolé.»
«J’ai toujours été un prêtre de la rue», affirmait-il en 2013 à Paris Match. Comme le souligne le cardinal Beniamino Stella, l’héritage qu’entend laisser le pape François est le suivant: «Il faut que le prêtre soit parmi son peuple». Et ce fil rouge qui unit le prêtre de quartier et le pape au Vatican est aussi l’incarnation d’une joie qu’on voit aisément chez le pape François, celle d’un prêtre qui, même devenu pape, n’a pas perdu la joie de se sentir appelé chaque jour. (cath.ch/imedia/cd/mp)
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