L’Eglise catholique en Belgique, pour la deuxième année consécutive, dresse un état des lieux. Il en ressort que les fidèles qui s’engagent le font avec un élan «plein de conviction, ce qui n’était pas nécessairement le cas dans le passé. La préoccupation évangélique est beaucoup plus présente», peut-on lire sur CathoBel, le site officiel de l’Eglise catholique en Belgique francophone.
Dessinant les contours d’une Eglise en mutation, le rapport annuel en souligne également la féminisation. Il fournit un grand nombre de données comme celles concernant les premières communions, les annulations de mariage, les prêtres et diacres ayant quitté le ministère, les laïcs nommés, etc. En 2018, les baptêmes ont baissé de 11% par rapport à 2016, les mariages de 14%, la fréquentation des célébrations eucharistiques de 17% et les confirmations ont reculé de 4%.
Lors de la réalisation du premier rapport, les données portaient sur l’année 2016. Cette fois-ci, c’est l’année 2018 qui a été prise en considération. «Ce que nous rapportons témoigne de la mutation de l’Eglise quant à la place des femmes, des laïcs, de la diversité et du changement de la pratique religieuse. On observe le passage d’une Eglise sociologique à une Eglise de la décision à laquelle on adhère par choix personnel», commente Stéphane Nicolas, gestionnaire d’informations et collaborateur scientifique auprès du SIPI, le service interdiocésain de presse et d’information.
«L’accent a été mis sur la pertinence de l’Eglise dans la société d’aujourd’hui», relève-t-il. L’examen minutieux des activités met en lumière l’aide apportée aux personnes fragiles, malades, précarisées, réfugiées et vulnérables. En effet, la liste des démarches menées auprès des publics fragilisés est longue et variée. Les volontaires sont nombreux et dévoués.
Depuis les paroisses jusqu’au niveau interdiocésain, l’inventaire réalisé auprès des bénévoles, mais aussi des personnes nommées et des ministres du culte, met en exergue que 55% sont des femmes sur un panel de 7’000 postes, soit plus de la moitié de l’ensemble. «Les chiffres sont remarquables quand on voit l’histoire de l’Eglise. Il y a une volonté délibérée des évêques de permettre aux femmes d’accéder à des postes de décision. Elles vont jouer un rôle déterminant dans l’avenir de l’Eglise», estime Stéphane Nicolas.
Dans l’ensemble des diocèses de Belgique, on compte 1’940 prêtres nommés par un évêque contre 2’038 laïcs (au sein des paroisses, des services diocésains, des hôpitaux, des maisons de repos et de soins, etc.). Cette proportion croissante de laïcs se retrouve également au niveau de la formation. Ainsi, on compte 64 candidats prêtres en formation contre 297 hommes et femmes se formant au travail pastoral.
L’enquête annuelle montre ainsi la présence accrue des laïcs, une proportion amenée à augmenter dans les années à venir. «Nous sommes à un point de bascule. Les chrétiens laïcs seront de plus en plus en position de décision, tandis que les prêtres deviendront minoritaires», observe Tommy Scholtès, porte-parole francophone de la Conférence épiscopale belge.
Stéphane Nicolas voit, lui aussi, émerger dans le processus en cours «une Eglise de laïcs, une Eglise qui se transforme et est en plein dynamisme». Motivés et appelés à des responsabilités, ces laïcs ne craignent pas d’être formés. «Il ne s’agit pas d’un personnel de deuxième classe, mais de gens formés et nommés, qui vont avoir de réelles responsabilités». Dans les doyennés on retrouve, par exemple, des équipes compétentes. Certains certificats sont même homologués par l’Université catholique de Louvain, précise le porte-parole.
A l’image du monde, la diversité se retrouve parmi les nombreuses communautés catholiques d’origine étrangère et les prêtres. A côté des communautés catholiques de croyants francophones, néerlandophones et germanophones de Belgique, on trouve également 155 communautés catholiques d’origine étrangère, dont 9 communautés catholiques de rite oriental (tels que les Chaldéens et les Syriens catholiques).
Sur 2’260 ministres du culte (pas uniquement des prêtres) payés par le Service Public Fédéral, un cinquième d’entre eux sont d’origine étrangère. Dans le trio de tête se retrouvent des Congolais (172), des Français (43) suivis par des Polonais (34). «La situation est différente d’un diocèse à l’autre. Ils sont beaucoup moins demandeurs dans la partie nord du pays pour des raisons linguistiques», affirme Tommy Scholtès.
L’évolution de la pratique religieuse apparaît indiscutable ces dernières années. «La manière d’adhérer à l’Eglise et de vivre la pratique religieuse a changé. Avant, c’était par tradition. Aujourd’hui, il s’agit d’un choix individuel. Nous sommes à la transition entre deux modèles. Le critère de la fréquentation des sacrements n’est plus aussi déterminant. Le besoin de spiritualité s’exprime autrement», analyse Stéphane Nicolas.
D’autant plus que de nombreuses initiatives ne sont pas prises en compte dans les statistiques comme la participation à un pèlerinage, à une messe en prison ou à l’hôpital, à une cérémonie dans un funérarium, précise le jésuite belge Tommy Scholtès.
Ce rapport indiquant une profonde mutation de l’Eglise catholique en Belgique souligne un phénomène qui touche l’ensemble de la communauté catholique occidentale. Il en ressort que le chrétien d’aujourd’hui s’engage davantage à titre individuel par rapport à une époque où dominait le christianisme «sociologique». Le rapport note aussi un aspect économique rarement évoqué, comme celui des six abbayes trappistes qui ne fournissent pas moins de 400 emplois. (cath.ch/cathobel/catho-bruxelles/be)
Jacques Berset
Portail catholique suisse
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